dimanche 14 février 2010

Nouvelles psychanalytiques
jeudi 11 février 2010

La psychanalyse et l’Autre scène

Le samedi 20 février 2010, à 14h 30 à l’Ecole normale supérieure - Conférence-débat préparatoire aux Journées de Dubrovnik des 2, 3 et 4 Avril 2010




“L’inconscient freudien se distingue, de manière révolutionnaire, de l’idée de l’inconscient connue depuis la nuit des temps et qui désigne ce qui demeure lointain à la conscience, ce qui lui échappe. C’est avec l’introduction du concept de refoulement que Freud effectue une opération aussi copernicienne qu’humanisante. Il démontre que le processus de refoulement est le résultat d’une visée, d’un acte que le sujet fait « intentionnellement » en s’efforçant d’occulter, devant la problématique sexuelle, certains faits inquiétants.

Freud découvre que ce qui rend malade représente aussi le point de résistance contre le poids des fatalismes : sous le symptôme, le désir ! Il nous transmet l’inestimable idée que le savoir inconscient n’est pas inaccessible, qu’il y a un sujet à ce savoir insu dans toutes les structures psychiques. Pour Freud « l’autre scène » est celle du rêve, du lapsus et de l’acte manqué, celle des formations de l’inconscient. Cette Autre scène riche d’un savoir précieux, des pièces manquantes dans l’édifice conscient de l’homme, a été exploitée d’une manière différente par les écrivains et les poètes, par les artistes et les anthropologues.

Si Freud a bâti l’hypothèse Œdipe sur une tragédie de Sophocle, Lacan, lui, a longuement commenté Hamlet de Shakespeare. Lacan confirme qu’entre l’Autre et l’inconscient il y a l’acte de sujet, de ce sujet toujours divisé par son entrée dans le langage qui lui préexiste et qui le surdétermine. Il démontre que le savoir inconscient n’est pas acéphale, le « ich », le sujet, y est contenu, il se dévoile dans la cure grâce à l’énigme du transfert. Le sujet y découvre sa responsabilité, en osant s’y rapprocher il gagne la probabilité de changer le cours de sa vie : le destin et ses carcans peuvent perdre de leur obscur absolu.

Si l’écrivain observe, note, imagine, découvre, le psychanalyste, lui, doit franchir un pas en posant l’acte qui va rendre son savoir non su et son désir au sujet aliéné. Ce pas sera décisif pour le traitement du symptôme pénible, que la seule sublimation ne permet pas de dissoudre.

Le colloque de Dubrovnik, ville de multiples scènes, littéraires, musicales, théâtrales et politiques auxquelles l’inconscient n’est pas étranger, se voudrait d’insuffler un nouvel élan aux approches psychanalytiques sur les territoires meurtris des Balkans.”

Gorana Bulat-Manenti





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