vendredi 19 avril 2024

Santé Médicaments anti-obésité : Novo Nordisk et Eli Lilly se mettent au «made in France»

par Liza Cossard   publié le 19 avril 2024

Les leaders danois et américains du secteur prospèrent en Bourse. Bien que non commercialisés en France, leurs traitements y seront bientôt produits grâce à des investissements considérables.

Bientôt de l’Ozempic, du Wegovy ou encore du Zepbound seront «made in France»… alors que ces traitements anti-obésité ne sont pas encore commercialisés dans l’Hexagone. Fin novembre 2023, le géant danois Novo Nordisk a investi plus de 2 milliards d’euros dans son usine de Chartres, qui produit ces traitements antidiabétiques et anti-obésité. En visite sur le site, Emmanuel Macron avait salué un investissement «inédit pour l’industrie pharmaceutique en France». Plus de 500 nouveaux emplois seront créés, s’ajoutant aux 1 600 salariés déjà présents, avec un doublement des capacités de production grâce à une hausse de la superficie du site jusqu’à 230 000 m² d’ici 2028.

Depuis 2010, Novo Nordisk avait déjà investi plus de 450 millions d’euros en France, dont 130 millions début 2023 pour de nouvelles lignes d’assemblage et de conditionnement. Son site de Chartres produit essentiellement des stylos injecteurs destinés aux patients diabétiques. Mais ce nouvel investissement permettra au groupe de diversifier sa production dans les fameuses injections anti-obésité. «Suite à l’investissement de 2,1 milliards annoncé en novembre dernier, il sera possible d’y produire de futurs médicaments injectables de Novo Nordisk, dans le diabète mais aussi d’autres pathologies telles que l’obésité», précise Novo Nordisk France.

Ces milliards d’euros s’expliquent par le succès de ces traitements, un nouveau marché estimé à 100 milliards de dollars à l’horizon 2030. Ce qui a déjà permis à Novo Nordisk de ravir à LVMH la première place des capitalisations boursières européennes depuis septembre 2023. A 426 milliards de dollars (environ 400 milliards d’euros), sa valorisation dépasse le PIB du Danemark. Même succès pour son principal concurrent américain, Eli Lilly, premier laboratoire pharmaceutique du monde en capitalisation boursière, après avoir dépassé Johnson & Johnson en mai 2023. Eli Lilly lui aussi a misé sur la France pour ses produits anti-obésité, avec un financement de 160 millions d’euros à Fegersheim, dans le Bas-Rhin, le 23 octobre. Depuis les dix dernières années, l’entreprise a investi au total plus de 500 millions d’euros dans l’est de la France.

Si Emmanuel Macron, sur le site de Novo Nordisk à Chartes, s’était félicité d’un retour vers la souveraineté médicale française, en réalité seuls 3 % de la production de l’usine de Chartres sont dédiés à la France, la majorité étant exportée dans 87 pays. Mais si son traitement anti-obésité Wegovy n’est pas encore commercialisé dans l’Hexagone, son autre produit, Saxenda «est en revanche disponible, sans prise en charge par l’assurance maladie». Quant à Eli Lilly, son usine tricolore devrait massivement produire le Mounjaro, un nouvel antidiabétique, dont la version américaine, le Zepbound, a vu son usage largement détourné aux Etats-Unis comme médicament pour perdre du poids.


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