vendredi 22 mars 2024

Quand le chirurgien est la seconde victime

Joël Pitre, Dr


Le syndrome de la seconde victime (SVS) est le traumatisme vécu par un soignant après la survenue d’une complication ou d’une erreur médicale (1,2). On estime que près de 50 % des soignants y seront confrontés au moins une fois dans leur carrière. Or, jusqu’à 20 % des patients hospitalisés peuvent présenter une complication. Certaines spécialités sont particulièrement exposées au SVS dont la chirurgie, l’anesthésie, la pédiatrie et la gynécologie-obstétrique. 

La présentation est variée, empoisonnant la vie de certains avec des conséquences émotionnelles prolongées pour d’autres, impactant la vie personnelle et la pratique professionnelle. Les conséquences peuvent être psychologiques (honte, culpabilité, anxiété, deuil, dépression), cognitives (absence d’empathie, burnout, stress post traumatique), sociales, culturelles, spirituelles et physiques. On dispose essentiellement de données chiffrées sur la fréquence du SVS mais il y a peu d’études qualitatives.

La plupart des travaux publiés ne concerne pas les spécialités chirurgicales alors que les chirurgiens font face quotidiennement à des situations stressantes et à des défis techniques, qui les exposent particulièrement au SVS. La solidité et le contrôle des émotions font partie du stéréotype habituel du chirurgien. En conséquence, la survenue d’une complication chirurgicale est la plupart du temps abordée seulement du point de vue technique sans en accepter les conséquences émotionnelles. 

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