mardi 6 février 2024

Taxer les “lapins” : enjeu majeur ou mesure gadget (et inapplicable) ?

Aurélie Haroche


 Il est peu dire que le discours de politique générale prononcé par Gabriel Attal ce mardi n’a guère convaincu les médecins, qui étaient pourtant les destinataires de nombreuses annonces du Premier ministre. La perspective d’un retour des gardes obligatoires par exemple a mis le feu aux poudres, alors que la possibilité pour les infirmières de rejoindre les études de médecine a également suscité des remous (tandis que certains remarquaient malicieusement que ce type de passerelle existe déjà). L’enthousiasme a également été plus que mitigé vis-à-vis de l’idée d’envoyer des émissaires pour recruter des médecins étrangers et pour inciter les Français ayant « choisi » de suivre leurs études médicales en dehors de nos frontières à retrouver la mère patrie. « Je dois dire que le recrutement des médecins à l’étranger, ça m’agace particulièrement » s’irrite ainsi le Dr Yvon Le Flohic sur X (ex-Twitter), tandis que le patron de l’Union française pour une médecine libre (UFML), le Dr Jérôme Marty remarque qu’il faudrait rappeler « au premier Ministre que le temps des colonies est terminé ». Pour les deux praticiens, le gouvernement aurait été bien plus avisé de s’interroger sur le fiasco de la réforme de la première année des études médicales.

Plébiscite pas si évident ?

Cependant, ce qui a suscité le plus de commentaires aura concerné la volonté affichée de Gabriel Attal de sanctionner les patients qui n’honoreraient pas leurs rendez-vous médicaux. « J’annonce la mise en place d’un principe simple : quand on a rendez-vous chez le médecin et qu’on ne vient pas sans prévenir, on paye », a-t-il martelé. L’idée n’est pas neuve, mais sans cesse remise aux calendes. La principale raison de ces multiples atermoiements est le doute majeur sur l’applicabilité d’une telle mesure. Néanmoins, avec une telle déclaration, Gabriel Attal pouvait légitimement considérer qu’il allait bénéficier d’une large adhésion des médecins. Un sondage réalisé sur le JIM il y a un an, entre le 21 février et le 8 mars, révélait en effet que 93 % de nos lecteurs étaient favorables à une sanction financière des patients n’honorant pas leurs rendez-vous médicaux. Pourtant, le plébiscite pourrait n’être qu’apparent.

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