samedi 17 février 2024

Psychiatrie et radicalisation : la radicalisation de l’adolescent n’est pas celle de l’adulte

Dr Dominique-Jean Bouilliez


L’augmentation des actes de terrorisme n’est pas une exclusivité française, loin de là. Elle s’est produite en deux temps dans le monde, avec un premier pic dans les années 1980, et un deuxième à partir de 2010. « Et la responsabilité des médias a une part de vérité », affirme David Cohen (Pitié-Salpêtrière). Une étude américaine qui a étudié l’effet des médias dans la contagion des fusillades scolaires et constaté que cet impact dure 13 jours, avec augmentation de 0,33 nouveaux événements de tuerie de masse et de 0,22 nouveaux événements de fusillades scolaires durant ce laps de temps. Il y a aussi une corrélation positive avec la possession d’armes à feu, mais pas avec la législation sur les armes à feu.

Parallèlement, le conspirationnisme, tendance à croire que les événements sont secrètement manipulés par certains groupes et organisations clandestines, n’est pas nouveau : 7 % des Américains continuent de penser que l’alunissage de la NASA est un fake, 20 % des Américains pensent qu’il existe un lien entre vaccin RRO et autisme…

Un modèle commun pour la radicalisation quelle que soit l’idéologie

Les groupes radicaux, que l’on retrouve partout dans le monde, se concentrent sur un problème majeur de la société (avortement par ex), estiment que les gouvernements/polices ne traitent pas le problème de manière adéquate et considèrent leurs propres normes et valeurs de groupe comme supérieures à celles des autres groupes. La plupart d’entre eux adoptent une idéologie qui légitimise la violence pour résoudre leur problème ; cette violence est souvent dirigée vers un groupe extérieur, responsable du problème. Enfin les groupes radicaux croient fermement en l’efficacité du recours à la violence. Ces groupes peuvent être nationalistes ou séparatistes (ETA, IRA, PKK), autant d’extrême-droite (KKK) que d’extrême-gauche (FARC), à thème unique (Armée de Dieu, contre l’avortement) ou à motivation religieuse (ISIS).

Chez l’adolescent, le processus de radicalisation survient dans le contexte du développement identitaire, culturel, social, et d’appartenance à un groupe.

Evolution du terrorisme depuis 2010

Après la chute d’Al Qaeda et la montée de DAESH-ISIS, on a pu observer un changement dans les motivations, et dans les profils (davantage de filles/femmes, d’Européens, de convertis) ainsi que le rôle clé d’internet, avec la consolidation de nouveaux concepts psychologiques telles que la déshumanisation, l’incertitude identitaire et l’identité de groupe.

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