samedi 3 février 2024

Discours de Gabriel Attal : des solutions iconoclastes pour la santé mais rien pour l’hôpital

par Nathalie Raulin  publié le 30 janvier 2024 

Appel à des médecins étrangers, retour des étudiants partis hors de France, passerelles pour les infirmières… Pour améliorer l’accès aux soins, le Premier ministre a multiplié les annonces originales, et peu dispendieuses. Sans rien dire sur l’hôpital. 

Question santé, Gabriel Attal opte pour le pragmatisme à peu de frais. Oubliant la promesse du chef de l’Etat de «refonte en profondeur du système de santé», son discours de politique générale fait l’impasse totale sur l’hôpital, trop gourmand en denier public pour celui qui se dit soucieux de «responsabilité budgétaire». Le Premier ministre préfère se concentrer sur le premier motif d’inquiétude des Français : les difficultés grandissantes d’accès aux soins, pour cause de démographie médicale déclinante. Non sans promouvoir quelques solutions iconoclastes. Actant que la suppression du numerus claususdans les facultés de médecine ne produira pas d’effet avant plusieurs années, Gabriel Attal fait feu de tout bois pour doper ce «temps médical qui manque». Et d’abord en agissant sur l’effectif. Comme Emmanuel Macron l’avait annoncé le 16 janvier, il confirme son intention de régulariser les médecins étrangers en poste sur le territoire, ce que réclamaient nombre d’établissements de santé, incapables de fonctionner normalement sans cette main-d’œuvre médicale. Mais le Premier ministre pousse le bouchon plus loin : un «émissaire» devrait être chargé d’aller en chercher hors des frontières. De quoi susciter des débats au sein de la droite parlementaire, très à cheval ces derniers temps sur le statut migratoire.

Forts remous chez les carabins

Tout à son souci de renforcer le nombre de médecins, Attal abat d’autres cartes : les étudiants partis faire médecine ailleurs en Europe, faute d’avoir passé le cap de la très sélective première année en France, vont être incités à revenir, sans que les modalités de leur retour ne soient pour l’heure très précises. Pour faire bonne mesure, le Premier ministre propose de mieux reconnaître «l’expertise» des soignants. Son idée ? Développer les passerelles de façon à ce que des infirmières confirmées puissent intégrer en 3e année la faculté de médecine. De quoi augurer de forts remous chez les carabins.

Le déploiement des Services d’accès aux soins (SAS) sur l’intégralité du territoire – ils couvrent 72% de la population aujourd’hui – est aussi au programme. «Cet été, chaque département devra avoir un SAS», a précisé Attal. Dans le cas contraire, le Premier ministre se dit prêt à obliger les médecins libéraux à participer à la permanence des soins, avec la restauration des gardes en soirée ou le week-end.

«Taxe lapin»

Pour «libérer du temps médical», le Premier ministre projette aussi de responsabiliser les patients, en «faisant payer» ceux qui n’honorent pas leurs rendez-vous médicaux. Revendication ancienne des praticiens libéraux, cette «taxe lapin», que la droite sénatoriale avait cet automne tenté sans succès d’instaurer, devrait voir le jour «cette année».

Pour le reste, ce sont vers les jeunes que vont les préoccupations de Gabriel Attal avec deux mesures phares : la rénovation du dispositif «Mon soutien psy», dont les résultats sont peu probants, et le recrutement d’infirmières scolaires. Plus nombreuses, ces dernières seront aussi mieux rémunérées, Attal promettant une hausse de leur salaire mensuel de 200 euros et le versement en mars d’une prime exceptionnelle de 800 euros.


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