jeudi 11 janvier 2024

Un « pacemaker » pour grands dépressifs

Marie-Claude Malboeuf  le 8 janvier 2024

QUEBEC

« C’est parce que j’ai visité le Parc jurassique… » Camille Heyen-Dubé répond parfois ainsi quand ses petits patients l’interrogent au sujet de la marque rouge sur son cou.

Aucun enfant ne pourrait deviner que son intrigante cicatrice ne résulte pas de griffures de dinosaures, mais plutôt d’une opération aussi fascinante que rarissime. Qu’à peine une quarantaine de Québécois ont subi pour ne pas retomber dans les abîmes de la dépression. 

Depuis un an et demi, le corps de l’infirmière montréalaise abrite deux électrodes connectées à un mince générateur d’électricité semblable à celui qu’on implante aux cardiaques. Sauf qu’au lieu d’être branché au cœur, son dispositif stimule le nerf vague. Un très long faisceau de fibres qui innervent les organes et remontent par le cou, pour relayer d’incalculables informations au cerveau. 

Quand des gens apprennent que je porte un implant, certains n’en reviennent pas ! On m’a déjà dit : "Oh, mon Dieu, prends de la vitamine D et ça sera réglé…"

 Camille Heyen-Dubé

PHOTO FOURNIE PAR LE CENTRE HOSPITALIER DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL

Un exemple de générateur à pile servant à stimuler le nerf vague de patients souffrant de dépression hyperréfractaire. 

Toutes les cinq minutes, son générateur émet du courant. Pendant 30 secondes, il paralyse un peu la corde vocale située près des électrodes. « Ma voix devient alors plus basse et feutrée, et je suis un peu essoufflée si je monte l’escalier. Au début, j’éprouvais comme un serrement désagréable. Mais maintenant, je ne le sens plus, à moins d’être très fatiguée. » Au besoin, la jeune femme peut désactiver son stimulateur en utilisant un aimant.

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