dimanche 14 janvier 2024

Les pygmalions parlementaires de la psychiatrie sécuritaire ?

 8 JANVIER 2024

Mathieu Bellahsen

Psychiatre et auteur

Après l’attentat terroriste de la Tour Eiffel décrit comme un « ratage psychiatrique » par G. Darmanin, le drame de Meaux a donné l’occasion à J-F Copé, maire de cette commune, de s’émouvoir des problèmes psychiatriques dans une tribune. Un débat parlementaire doit se tenir mi janvier sous l’impulsion des élus LR.

En 2024 assisterons-nous à un nouvel épisode de « la chasse à la folie », pendant psychiatrique de « la chasse à l’enfant » des enfants du bagne de Belle-Ile racontée par Prévert et Chalandon ? Car la psychiatrie sécuritaire pourrait avoir de beaux jours devant elle. Dans ce moment où les libertés publiques et les garanties constitutionnelles sont affaiblies par des politiques brunes et scabreuses, certains des pygmalions de la psychiatrie sécuritaire s’apprêtent à sortir du bois. Après l’attentat terroriste de la Tour Eiffel et l’annonce d’un « ratage psychiatrique » par Darmanin, le drame de Meaux a donné l’occasion à Jean-François Copé, maire de cette commune, de s’émouvoir des problèmes psychiatriques dans une tribune intitulée « Maladie mentale : nous sommes tous concernés » et publiée dans l’Express le 3 janvier. Un débat parlementaire devrait se tenir mi-janvier sous l’impulsion des élus LR.

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© Mathieu Bellahsen

Ces derniers temps, à chaque histoire dramatique, le traitement médiatique de la psychiatrie renoue avec le sensationnalisme morbide. Il est utile de rappeler que pour des faits similaires, lorsdes soulèvements intervenus dans les HP en 2018-2019, les médias mettaient d’abord en avant la catastrophe psychiatrique organisée par les pouvoirs publics et les politiques successives. Aux côtés de certains drames inévitables, la croissance des tragédies évitables s’élucidait alors par la destruction du service public psychiatrique, l’abandon des usagers-patients-psychiatrisés et des équipes de soins. L’explication simpliste du « schizophrènes dangereux » à enfermer était moins prégnante. Cette parenthèse débutée sous le quinquennat Hollande s’est refermée avec la circulaire Colomb en mai 2019. Cette dernière coagulait de nouveau les personnes hospitalisées sans leur consentement et les fichés S pour terrorisme.

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