dimanche 21 janvier 2024

À propos de l’automutilation

Publié le 18/01/2024

Dans un éditorial du British Journal of Psychiatry, les membres du NICE Guideline

Committee[1] partagent leurs « recommandations clés » (key guideline recommendations) générées grâce à la synthèse de données probantes et destinées aux professionnels de santé mentale pour la prise en charge de patients après une automutilation (self-harm).

Évoquant l’augmentation récente de ces phénomènes d’automutilation, en particulier chez les jeunes, mais aussi dans d’autres groupes comme les hommes d’âge moyen, les auteurs rappellent qu’il s’agit là d’une problématique courante en psychiatrie, expression de la recherche d’une aide et associée à un risque accru de suicide.

Les principales recommandations

Les principales recommandations mises en avant dans cet éditorial sont : le besoin d’empathie, l’absence de place pour les traitements aversifs/punitifs, la nécessité d’une évaluation psychosociale et non évaluation des risques, et un suivi rapproché avec des interventions de mise en sécurité, puis psychologiques, en particulier fondées sur la TCC.

Soulignant notamment la variété des situations où la prise en charge d’une automutilation peut survenir (soins primaires, soins d’urgence, éducation, justice pénale) et la nécessité d’une évaluation psychosociale pour chaque épisode d’automutilation, cet éditorial rappelle l’importance d’une prise en compte des besoins individuels et de la sécurité du patient, et la manière dont cette sécurité peut être optimisée.

Les auteurs préconisent d’appliquer leurs lignes directrices dans cinq domaines pouvant bénéficier de recherches plus approfondies pour identifier des interventions efficaces : il s’agit des modèles de soins pour les jeunes, des approches d’évaluation dans des contextes non spécialisés, de l’admission à l’hôpital après une automutilation, des interventions psychologiques et des approches pour minimiser les conséquences d’une automutilation.

Mais si dans un contexte de « crise permanente » (context of a ‘permacrisis’) où se succèdent pandémie, tempête économique continue et systèmes de santé sous pression, la mise en œuvre de telles recommandations semble pour le moins difficile, l’objectif est d’améliorer les soins prodigués aux patients qui ne recevraient pas toujours le niveau de traitement souhaitable.

Conclusion interrogative des auteurs : va-t-on se saisir de cette opportunité d’améliorer les prises en charge, ou sera-t-elle perdue ? (Will we realise this opportunity, or will it be lost?)

[1] https://www.nice.org.uk/Get-Involved/our-committees

Dr Alain Cohen 

RÉFÉRENCE
Mughal F, et al. New guidance for self-harm: an opportunity not to be missed. Br J Psychiatry. 2023 Nov;223(5):501-503. doi: 10.1192/bjp.2023.113.

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