samedi 23 décembre 2023

L'intelligence artificielle va réinventer la médecine

Vendredi, 22/12/2023 

C'est peu de dire qu'en seulement quelques mois, l'IA et ses nombreuses déclinaisons techniques sont venues complètement bouleverser les domaines de la recherche et de la pratique médicale, au point que les spécialistes considèrent qu'il s'agit sans doute de la plus grande rupture depuis l'apparition de la médecine moderne et expérimentale, sous l'égide de René Laennec et Claude Bernard, voici bientôt deux siècles.

Il y a quelques jours, l’Université de Médecine du Michigan a présenté son système révolutionnaire de dépistage rapide des tumeurs cérébrales. Baptisée DeepGlioma, cette IA s'avère capable de détecter des mutations génétiques dans les tumeurs cérébrales cancéreuses en moins de deux minutes (Voir Nature Medicine). L’efficacité de cet outil a été évaluée dans le cadre d’une étude conduite sur plus de 150 patients atteints de gliome diffus. Ce nouvel outil DeepGlioma a permis d’identifier des mutations permettant de définir des sous-groupes moléculaires de la maladie, avec une précision de plus de 90 % en moyenne. Selon Todd Hollon, neurochirurgien à l’Université du Michigan et directeur de l’étude, « cet outil basé sur l’IA a le potentiel d’améliorer l’accès et la rapidité du diagnostic et des soins pour les patients atteints de tumeurs cérébrales mortelles ». Comme il existe plusieurs types de gliomes diffus, présentant chacun des mutations génétiques différentes, il est capital de proposer à chaque malade le bon traitement, c’est-à-dire celui qui correspond à cette spécificité génétique. En donnant aux chirurgiens le pouvoir de distinguer la nature du gliome diffus pendant l’opération, cet outil ouvre la voie à une identification précise et rapide du type génétique et moléculaire de tumeur.

À Paris, l'institut Curie utilise depuis quelques mois une intelligence artificielle capable de déterminer l'origine de cancers dont on ne connaît pas le site d'apparition. Cet outil va permettre de mieux adapter les traitements et va augmenter les chances de survie de milliers de malades chaque année (Voir Institut Curie). Cette IA révolutionnaire a été développée par la Docteure Sarah Watson, oncologue et chercheuse à l'Institut Curie. Cette scientifique s'est attaquée aux “cancers de primitifs inconnus” (CPI), des cancers qui touchent environ 7000 malades par an et se manifestent à un stade métastatique, mais on ne sait pas d'où ces métastases sont issues et on ne sait donc pas les traiter efficacement.

Cette chercheuse, en partenariat avec des spécialistes de plusieurs autres centres en France, a entraîné un logiciel d'IA à reconnaître l'origine de cancers à partir de dizaines de milliers de séquences ARN de tumeurs récupérées par biopsie. Cet outil d'IA a ensuite été utilisé sur une cinquantaine de tumeurs d'origine non identifiée avec les outils standards. « Dans plus de 80 % des cas, l'IA a pu nous indiquer le tissu d'origine avec des scores de prédiction extrêmement élevés, et ces patients pour lesquels nous avons enfin pu identifier le tissu d'origine ont une durée de survie triplée par rapport aux patients dont le cancer a une origine qui reste inconnue », précise Sarah Watson. Elle travaille à présent à améliorer encore cet outil en lui fournissant davantage de données, qui soient à la fois plus diversifiées et de meilleure qualité, mais toujours avec le consentement formel des malades.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire