dimanche 10 décembre 2023

Edito : Vieillissement : attention à ne pas réduire la complexité des mécanismes du vivant…

Vendredi, 08/12/2023 

Cette semaine, je reviens sur la passionnante mais complexe question des causes et facteurs impliqués dans le phénomène inéluctable de vieillissement qui caractérise tous les êtres vivants, à commencer par l’espèce humaine. En 2003, des chercheurs de l’Université McGill et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ont découvert chez de petits vers ronds (du groupe des nématodes) des gènes qui, lorsqu'ils sont porteurs de mutations, accroissent significativement la durée de vie de ces organismes. Ces gènes interviennent dans la production des radicaux libres, ces molécules toxiques qui altèrent progressivement les cellules, les protéines et les acides nucléiques constituant l'ADN. Les radicaux libres sont également responsables du "stress oxydatif", une réaction corrosive à l'origine de diverses maladies liées à l'âge, telles que les cancers, les maladies neurodégénératives (maladies d'Alzheimer et de Parkinson) et cardiovasculaires.

Ces radicaux libres provoquent de nombreux dommages qui ne peuvent jamais être complètement réparés par l’organisme. Les molécules abîmées s'accumulent avec le temps et finissent par affaiblir les cellules et les tissus de l'organisme. Ces scientifiques ont recherché les gènes qui avaient subi des mutations et ont déterminé la protéine associée à ces gènes ainsi que la fonction qu'elle exerçait. Ils ont pu identifier les gènes ISP-1 et clock 1 qui synthétisent des protéines jouant un rôle stratégique dans les réactions enzymatiques conduisant à la production de radicaux libres au sein des mitochondries, les centrales d’énergie de la cellule. Ces recherches montrent que les animaux qui portent une mutation sur le gène ISP-1 vivent non seulement deux fois plus longtemps que les autres, mais produisent également beaucoup moins de radicaux libres. Fait remarquable, ces gènes clock 1 et ISP-1 se sont très bien conservés au cours de l'évolution et on les retrouve sous une forme presque similaire chez l'humain. Lorsqu'on insère le gène humain chez le ver à la place de celui présent chez cette espèce d'invertébré, on obtient les mêmes effets. Ces chercheurs ont par ailleurs montré que la présence de deux mutations, l'une affectant le gène clock-1 et l'autre ciblant la séquence DAF-2, parvenait à quintupler l'espérance de vie des nématodes. Ces travaux confortent l'hypothèse selon laquelle les dommages cellulaires occasionnés par les radicaux libres jouent bien un rôle important dans le vieillissement.

Début 2002, des chercheurs de l’Université de Rochester ont identifié un variant génétique rare chez les personnes qui ont vécu jusqu’à 100 ans ou plus. Selon ces travaux, ce variant semble ralentir les processus fondamentaux qui provoquent le vieillissement. Ces recherches ont mis en évidence un lien entre l’activité d’une protéine baptisée “SIRT6” et une durée de vie accrue. En comparant des séquences génétiques de 500 personnes juives ashkénazes ayant vécu jusqu’à 100 ans et plus à un autre groupe ayant les mêmes origines mais n’ayant pas vécu aussi longtemps, puis en analysant une base de données de 150 000 personnes aux origines variées, les chercheurs ont identifié que le variant "SIRT6" était plus fréquemment présent chez les centenaires. Ces chercheurs ont constaté que ce variant pouvait ralentir sensiblement le vieillissement et permettait également d’améliorer la réparation de l’ADN et d’éviter ainsi l’accumulation de mutations génétiques. (Voir PNAS).

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