samedi 11 novembre 2023

Psychiatrie et prison, des sujets à l’ombre du monde

 le 9.11.23

Par Sébastien Firpi, psychologue clinicien hospitalier en psychiatrie de secteur en milieu carcéral, psychanalyste

Un trajet morbide, simplicité de l’horreur réelle : hôpital, rue, prison, cimetière. La pratique de la psychiatrie de secteur en milieu pénitentiaire observe l’augmentation des problématiques pathologiques psychiques et du taux de suicide depuis plusieurs années. Dans le même temps, l’hôpital est en grande difficulté pour accueillir ces patients. Plusieurs « tribunes » récentes introduisent cette situation : le refus du gouvernement de débattre d’une loi de régulation sur la population carcérale ; l’état de la justice ; ou encore la énième alerte du contrôleur général des lieux de privation de liberté.

La psychiatrie de secteur exerce un service au public auprès des personnes détenues au même titre que tout citoyen depuis la loi de 1994, toujours faut-il que les conditions le lui permettent. En prison, la pathologie psychiatrique est dix fois plus élevée et le taux de suicide au moins sept fois plus important que dans la population générale. Les chiffres actuels sont préoccupants et une actualisation épidémiologique concrète se fait attendre depuis vingt ans. Les exemples que publie l’Observatoire international des prisons ne font que confirmer ce grave constat. Manifeste retour du refoulé de l’histoire, comme l’écrit Michel Foucault dans l’Histoire de la folie à l’âge classique : « On n’a pas rougi de mettre les aliénés dans des prisons (…) Ces infortunés sont enchaînés dans des cachots à côté des criminels. Quelle monstrueuse association. Les aliénés tranquilles sont plus maltraités que des malfaiteurs. »

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