dimanche 12 novembre 2023

La ville du soin est une ville du lien

Par   Publié le 16 novembre 2022

Face au sentiment grandissant de solitude en milieu urbain, les collectivités sont appelées à recréer une ville du lien, renouant avec la nature, diversifiant ses animations culturelles, dotant ses quartiers d’espaces partagés qui permettent la rencontre.

Les jardins communaux du parc de Sautour à côté des immeubles d’habitation « Les Musiciens », aux Mureaux (Yvelines), le 27 avril 2020. 

La ville est un lieu privilégié de relations interpersonnelles ­riches et variées. C’est pourtant là que les personnes font état d’un sentiment de solitude grandissant. Solitude qui entraîne de nombreuses pathologies, dont la prévalence augmente en raison de l’incapacité à établir autant de relations sociales que l’on souhaiterait ou autant d’interactions nécessaires à l’épanouissement personnel.

Ces effets ne touchent pas les seuls individus peu mobiles (personnes âgées, handicapés…) ou ceux disposant de ressources insuffisantes pour bénéficier des richesses culturelles ou sociales qu’offre l’espace urbain.

La numérisation de la vie quotidienne accroît ce délitement du lien et touche ceux qui, jusqu’alors, se donnaient des occasions de se socialiser. La pandémie de Covid-19 a ­accentué ces signes manifestes de repli sur soi et, ce faisant, « accéléré la prise de conscience d’un certain malaise en ­milieu urbain », souligne la philosophe Fabienne Brugère. Même si l’état sanitaire global en ville est meilleur qu’ailleurs, grâce à une meilleure ­accessibilité aux soins, l’environnement urbain est trop souvent peu propice au bien-être des citadins.

La conférence organisée par Le Monde Cities le 17 novembre proposait de débattre des solutions pour recréer une ville du lien, pour favoriser l’émergence d’« urbanités relationnelles » qui intègrent l’ensemble de la population.

Le végétal au secours de la ville

Qu’il s’agisse d’animations ludiques, sportives, ­culturelles ou artistiques, les moments de partage sont des vecteurs de lien social. Ces activités doivent cependant être diversifiées, et prendre en compte l’ensemble des différences générationnelles, sociales, ethniques, pour que la ville reste le lieu du vivre-ensemble.

Le végétal, la biodiversité favorisent également le lien. Les citadins font d’ailleurs eux-mêmes de la nature un élément constitutif de leur bien-être. Lors de la pandémie, la ville dense, manquant souvent d’espaces verts, n’a-t-elle pas été érigée en repoussoir ? Selon une étude de l’Union nationale des entreprises du paysage menée en 2019, 8 Français sur 10 estiment qu’il faudrait plus de végétal en ville.

« La nature permet un ralentissement, relève Lise Bourdeau-Lepage, chercheuse au centre de recherche en géographie et aménagement de l’université Jean-Moulin-Lyon-III. Et ainsi elle fait baisser l’anxiété, ­favorise le rassemblement et la bienveillance, permet d’entrer en interaction avec les autres.  » Une ambiance sonore paisible, le contact avec le rythme naturel de la lumière sont aussi, selon elle, importants pour le bon fonctionnement du métabolisme humain et l’état de santé des urbains.

Espaces perméables

Appelées à être plus vertes, les rues méritent également d’être animées, faites de façades ouvertes vivantes. Et d’offrir des lieux communs, des espaces ouverts, partagés, publics ou privés, qui favorisent la rencontre, la mixité. Les échanges seront d’autant plus nourris et riches que les commerces, les activités de rue s’imbriqueront har­monieusement, que les différents espaces seront perméables. Selon l’Agence pour la transition éco­logique (Ademe), 70 % de ce qui impacte la santé d’une population peuvent être influencés par une politique d’aménagement.

La santé, le soin sont loin ainsi de n’être qu’une affaire de spécialistes du domaine­ ­sanitaire. Les acteurs du champ culturel mais aussi de l’urbanisme sont également très concernés. L’urbanisme constitue un levier à fort potentiel pour agir de manière à la fois préventive et efficace sur la santé et le bien-être des citadins.


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