vendredi 20 octobre 2023

Les listes de médecins «safe», une pratique utile mais juridiquement limite

Laure Dasinieres — Édité par Thomas Messias — 

Face aux discriminations médicales, des associations aiguillent vers des soignants bienveillants. Une pratique potentiellement illicite, qui n'est pas du goût de tous.

Les médecins référencés positivement pourraient potentiellement être desservis par ces listes. | Bernard Hermant via Unsplash

Les médecins référencés positivement pourraient potentiellement être desservis par ces listes. | Bernard Hermant via Unsplash

«Le médecin doit écouter, examiner, conseiller ou soigner avec la même conscience toutes les personnes quels que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments qu'il peut éprouver à leur égard. Il doit leur apporter son concours en toutes circonstances. Il ne doit jamais se départir d'une attitude correcte et attentive envers la personne examinée.»

Suffit-il d'un article du code de la santé publique pour assurer l'absence de discriminations dans le soin? Assurément non: nombreuses sont les personnes non-blanches, LGBT+, grosses, handicapées, pratiquant le travail du sexe, etc. à en avoir fait l'amère expérience avec, au bout du compte, un renforcement de leur stress minoritaire et, pour une certaine proportion, un renoncement aux soins parfois dramatique.

Dans une étude publiée en 2020, les chercheurs Joshua Rivenback et Mathieu Ichou ont montré des taux de discriminations significativement plus élevés pour les personnes appartenant à des groupes minoritaires ou défavorisés socialement: les femmes (4,7%) par rapport aux hommes (3%); les immigrés (4,8%), les personnes nées en Outre-mer (5,9%), les migrants venant d'Afrique subsaharienne (7,1%) et de Turquie (6,8%), à comparer aux personnes nées en France métropolitaine (3,6%). Ils ont également constaté que ces discriminations expliquent un tiers des non-recours au soin.

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