samedi 28 octobre 2023

La santé mentale, l’autre ligne de front de la guerre en Ukraine

Interview Carole Sauvage   Publié le 26/10/2023

Depuis le 24 février 2022, le service psychiatrie de l’hôpital de Lviv, situé à l’ouest du pays, est sollicité de toutes parts pour soulager militaires et population civile. Ses soignants étaient accueillis début octobre à Paris par le Centre Primo-Levi, dédié à la réparation de ces maux invisibles.

Le Dr Berezyuk au Centre Primo-Levi, à Paris.

Le Dr Berezyuk au Centre Primo-Levi, à Paris.  • LUCILE CASANOVA POUR LA VIE 

Depuis les premiers mois de l’offensive russe en Ukraine, le Centre Primo-Levi à Paris, en partenariat avec l’université de Yale aux États-Unis, partage son expérience et soutient le service psychiatrie de l’hôpital de Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine. La troisième session de formation avait lieu à Paris début octobre. L’occasion pour La Vie de rencontrer le chef du service psychiatrie ukrainien, le Dr Oleh Berezyuk, afin de revenir sur les enjeux de la prise en charge des traumatismes psychiques des civils et des militaires causés par la guerre.

Alors que le conflit s’installe dans la durée, comment vont psychologiquement les Ukrainiens ?

La perte de sécurité, d’assurance dans le lendemain, affecte tout d’abord chacun sans distinction, qu’il vive au sud, à l’est, au nord ou à l’ouest du pays. Cela se traduit par de la fatigue, de l’anxiété, des troubles de l’humeur. Certains habitants, notamment ceux de Marioupol, Bakhmout, Kherson, la banlieue de Kiev et Melitopol, doivent aussi faire avec la perte de leurs proches, leur logement, leur travail, leurs voisins et parfois même leur terre natale. Les populations déplacées, y compris celles qui vivent en sécurité en Pologne ou en France, ressentent une profonde détresse. Les blessures physiques influent aussi sur la santé psychique. Le nombre de traumatismes crâniens est important, chez les civils comme chez les militaires. La prise en charge devrait être immédiate, mais la plupart du temps, le mal est invisible et donc non soigné. Or plus les traumatismes physiques sont importants, plus la probabilité de stress post-traumatique augmente.

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