«À l’école, on parle de Martin Luther King, de Rosa Parks, de Malcolm X. Mais personne ne connaît Frantz Fanon, les sœurs Nardal, Felix Éboué…»

 

PAR HUGO WINTREBERT   20 OCTOBRE 2023

Gaston Monnerville serait-il notre Obama français ? Né à Cayenne, il a été président du Sénat et donc deuxième personnage de l'État de 1958 à 1968.AFP

Pourquoi l'Histoire de France fait aussi peu de place à ses figures noires ? Interview avec les auteurs du livre «Visibles !» dans lequel ils présentent quarante personnages injustement méconnus, pionniers de la littérature, hommes politiques, chanteuse d'Opéra ou encore esclave affranchi devenu grand chef cuisiner.

Combien de personnages noirs de l’Histoire de France pouvez-vous citer ? Joséphine Baker ? Léopold Sédar Senghor ? Aimé Césaire ? Mais encore ? « L’imaginaire collectif des Français ne ménage quasiment aucune place aux figures noires qui ont pourtant marqué l’Histoire de notre pays », écrivent Binkady-Emmanuel Hié, fondateur de l’agence Norme et le professeur d’Histoire-géo Léo Kloeckner, dans leur ouvrage Visibles ! Un livre illustré (par Aurélia Durand) dans lequel ils présentent les parcours extraordinaires de quarante petits ou grands héros, injustement méconnus. De Toussaint Louverture à la speakerine Sylvette Cabrisseau en passant par l’avocat et homme politique Amadou Lamine-Guèye ou encore la chanteuse d’opéra Christiane Éda-Pierre. Passionnant !

Pourquoi ce livre ?

Binkady-Emmanuel Hié : Il y a quelques années, un magazine m’avait donné carte blanche pour rédiger un article en lien avec le mouvement Black Lives Matter. J'avais envie d'écrire sur l'omniprésence des références américaines sur la question raciale ici en France et sur notre manque de connaissance de grandes figures historiques françaises noires. À l’école, on vous parle de Martin Luther King, de Rosa Parks, de Malcolm X. On a tous entendu parler de l’histoire de la Ségrégation aux États-Unis, du mouvement des Civil rights... Par contre, personne ou presque ne connaît Frantz Fanon, les sœurs Nardal, Felix Éboué... C’est un constat que j’avais fait il y a plusieurs années. J’avais envie d’avoir l’avis d’un professeur d’Histoire sur cette question et savoir si les choses avaient un peu évolué.

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