mardi 29 août 2023

Quand des applications se piquent de repousser les moustiques

Publié le 02/09/2023

Bien que des vaccins existent pour certaines maladies transmises par les moustiques, leur degré d'efficacité varie et la prévention des piqûres demeure une stratégie incontournable. Cela implique notamment l'utilisation de protections individuelles, telles que des vêtements amples couvrants et des moustiquaires traitées avec des insecticides dans les zones endémiques, ainsi que l'emploi de répulsifs anti-moustiques.

Dans ce contexte, la recherche de nouveaux répulsifs est en pleine expansion, non sans engendrer certaines dérives. La plus notable est peut-être l'apparition d'applications pour smartphones prétendant diffuser des ondes à basse fréquence pour repousser les moustiques. Elles se nomment "Anti-Moustique Insecticide", "Sons Répulsifs Moustiques" ou "Ultrasonic Anti Pest & Insect", et une trentaine d'entre elles sont disponibles sur l'App Store d'Apple ou le Play Store de Google.

Une idée séduisante…sans base scientifique

L'idée de repousser les moustiques par le son et les ondes n'est pas nouvelle, et repose sur un argument simple : ces dispositifs seraient efficaces car ils imiteraient les ondes sonores produites par les battements d'ailes des moustiques mâles ou des libellules. Les moustiques femelles, responsables des piqûres chez les humains, seraient en effet sensées être repoussées par ce son car elles s'accouplent seulement une fois au cours de leur vie et parce que la libellule est leur prédateur naturel.

Néanmoins, les données scientifiques actuelles ne seraient ni assez nombreuses ni assez solides pour confirmer l'efficacité de ce type de répulsif. De plus, les ondes qui pourraient éventuellement être perçues par les moustiques femelles seraient trop puissantes pour être générées par un smartphone, souligne l'Inserm. En 2010, une revue de la littérature Cochrane et portant sur dix études avait déjà mis en lumière le manque de preuves concernant l'utilité des répulsifs anti-moustiques basés sur les ondes, allant jusqu'à conclure à l'inutilité de poursuivre les recherches sur ce sujet. Depuis, aucune recherche n'a remis en question ces conclusions.

« Ces insectes sont attirés par des odeurs naturelles comme la transpiration, qu'ils peuvent détecter à une distance d'au moins 10 mètres. Il semble beaucoup plus rationnel d'envisager un répulsif olfactif et biologique plutôt qu'un outil électronique de ce genre », souligne au Parisien Claude Grison, directrice de recherche au CNRS.

Malgré les tentations du "high-tech", la bonne vieille citronnelle semble avoir encore de beaux jours devant elle.

F.H.

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