lundi 14 août 2023

Exclusif : les professionnels de santé très largement favorables à l’interdiction des traitements hormonaux pour les mineurs transgenres


Paris, le mardi 1er août 2023

Selon notre sondage, 84 % de nos lecteurs sont favorables à un moratoire sur l’administration de traitements hormonaux pour les mineurs transgenres.

La question de la prise en charge et de l’intégration des personnes transgenres dans notre société est devenue ces dernières années une question majeure du débat public, recoupant des interrogations politiques, juridiques, philosophiques et bien sur médicales et éthiques. Les avis sont souvent passionnés, rendant la possibilité d’un débat apaisé malheureusement illusoire, d’autant plus quand la question concerne les enfants et les adolescents.

Sondage réalisé sur JIM.fr du 26 juin au 27 juillet 2023

Ces dernières années, le nombre de mineurs disant souffrir de dysphorie de genre a fortement augmenté dans les pays occidentaux et même l’analyse de ce phénomène est sujet à débat : certains y voient le signe d’une meilleure acceptation du phénomène dans notre société et d’une libération salutaire de la parole, d’autres un simple « effet de mode ».

La Suède, la Finlande et le Royaume-Uni interdisent les traitements hormonaux

S’agissant de la prise en charge des mineurs transgenres, l’équilibre est en effet fort difficile à trouver entre la nécessité de prendre en compte leurs sentiments et leur mal-être et celle de les protéger en les empêchant de prendre des décisions irréversibles, d’autant plus que l’adolescence est souvent une période troublée où chacun est en quête de son identité. Si la tendance a ces dernières années été d’accepter d’administrer des traitements hormonaux, tels des bloqueurs de puberté, aux adolescents transgenres, la question est désormais de plus en plus débattue et certains pays reviennent sur ces tolérances. Des Etats américains conservateurs comme la Floride ou le Texas ont récemment interdit aux mineurs transgenres de pouvoir bénéficier de traitements hormonaux, mais également des pays réputés plus progressistes comme la Finlande ou la Suède.

Dernier pays en date à avoir instauré un moratoire sur l’accès des adolescents transgenres aux traitement hormonaux : le Royaume-Uni. Le National Health Service (NHS) a en effet décidé début juin de suspendre l’accès aux traitements bloqueurs de puberté pour les mineurs jusqu’à nouvel ordre. Les autorités sanitaires britanniques justifient cette décision par « l’absence de consensus clair sur la nature de la dysphorie de genre et sur sa prise en charge clinique adéquate et de preuve claire du bien fondé des traitements hormonaux pour les mineurs ».

Face à ces incertitudes, notamment le nombre important de mineurs transgenres souffrant de troubles psychiatriques et les quelques cas médiatisés de transgenres ayant regretté leur transition, la France doit-elle suivre le même chemin et interdire les traitements hormonaux aux mineurs ?

Seulement 9 % des professionnels de santé favorables aux traitements hormonaux

Pour nos lecteurs, la question ne fait guère débat : selon un sondage réalisé sur notre site entre le 26 juin et le 26 juillet dernier, 84 % des professionnels de santé sont favorables à ce qu’une interdiction des traitements hormonaux pour les mineurs transgenres soit mise en place, comme au Royaume-Uni. Seulement 9 % de nos lecteurs estiment que les adolescents souffrant de dysphorie de genre doivent pouvoir continuer à se faire prescrire des traitements hormonaux (notamment des bloqueurs de puberté), tandis que 7 % préfèrent ne pas se prononcer sur cette épineuse question.

Rappelons qu’en France actuellement, rien n’interdit pour le moment à des mineurs transgenres de bénéficier de traitements hormonaux voire en théorie de subir une opération de changement de sexe. Si les opérations chirurgicales ne sont pas réalisées sur les mineurs en pratique, il existe de grandes différences de prises en charge selon les spécialistes, conséquence du manque de recommandations officielles. Pour le moment, seule l’Académie de Médecine s’est exprimée sur le sujet, en invitant les médecins dans un avis de février 2022 à faire preuve « de la plus grande prudence médicale » dans la prise en charge des mineurs transgenres, en raison des risques de regret.

Des recommandations plus précises de la Haute Autorité de Santé (HAS) sur le sujet sont attendues pour septembre prochain. Les experts de la HAS prendront-ils exemple sur leurs homologues de la NHS, comme l’espèrent les lecteurs du JIM, en interdisant les traitements hormonaux pour les mineurs transgenres ? Difficile de croire qu’ils oseront prendre un tel risque, tant la question est éminemment politique et cristallise l’attention. 

Quentin Haroche

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