dimanche 6 août 2023

Etudiants en médecine et psychiatrie, une bonne surprise…

Publié le 25/07/2023

Dans un contexte général de forte prévalence d'attitudes négatives envers la psychiatrie et la maladie mentale chez les étudiants en médecine avant leur approche de cette discipline, une équipe de l’Université du Witwaterstrand (en Afrique du Sud) a cherché à déterminer les opinions sur cette spécialité dans un échantillon de 180 étudiants en quatrième année de médecine (116 femmes et 64 hommes) n’ayant pas encore reçu un enseignement formel en psychiatrie.

Pour évaluer le regard porté sur la psychiatrie par ces étudiants, les auteurs ont réalisé une étude transversale, quantitative et descriptive, documentée par un questionnaire sociodémographique et par un outil dédié, le questionnaire MICA-2 (Mental Illness Clinicians’ Attitudes Scale : échelle pour les attitudes des cliniciens à l’égard des maladies mentales)[1].

Contre toute attente, cette étude révèle une bonne surprise : 97,2 % des participants sont en dessous du score médian (de stigmatisation), ce qui reflète, commentent les auteurs, une faible prévalence d’attitudes stigmatisantes sur les malades mentaux et la psychiatrie. Il faut toutefois nuancer ce constat optimiste car il est possible que cette recherche soit, comme toute étude de ce type, entachée par un certain biais de sélection, dans la mesure où les sujets ayant répondu à ces questionnaires seraient surtout les plus motivés et donc les moins insensibles aux maladies mentales, alors que les sujets indifférents ou hostiles tendraient au contraire à s’abstenir de participer. Et dans un pays où les statistiques ethniques sont autorisées, la cohorte africaine a exprimé moins d’intérêt pour la psychiatrie (p = 0,0017), comparativement aux autres cohortes raciales. 

 Citons quelques items du questionnaire MICA-2 qui illustrent bien quelques idées reçues et préventions à l’égard des malades mentaux et de leur prise en charge : « J’apprends la psychiatrie car c’est au programme des examens, mais je n’essaierai pas de m’informer davantage à ce sujet » ; « Les personnes atteintes d’une grave maladie mentale ne peuvent jamais récupérer suffisamment pour avoir une bonne qualité de vie » ; « Si j’avais une maladie mentale, je n’en parlerais jamais à aucun de mes amis parce que j’aurais peur d’être traité différemment » ; « Les personnes atteintes d’une maladie mentale grave sont le plus souvent dangereuses. »

On peut se réjouir, qu’en dehors d’un possible biais de sélection, de futurs médecins soient majoritairement en désaccord avec ces propositions…

[1] https://www.mededportal.org/doi/10.15766/mep_2374-8265.10024

Dr Alain Cohen

RÉFÉRENCE
Ochse SL et coll.: Assessing attitudes of fourth year medical students towards psychiatry and mental illness. S Afr J Psychiatry; 2023; 29: doi.org/10.4102/sajpsychiatry.v29i0.1994.


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