mardi 13 juin 2023

Stagnation des préjugés sexistes : “Il faut une condamnation sociale plus forte” des hommes violents

Par  Estelle Hottois  Publié le 13 juin 2023

Illustration Gary Waters/Ikon Images / Photononstop


Les chiffres sont à pleurer. Lundi 12 juin, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publiait une version actualisée du rapport de l’Indice des normes sociales de genre (GSNI). Basé sur un travail de l’enquête mondiale sur les valeurs (World Value Survey), qui concerne 80 pays et 85 % de la population mondiale, il révèle une stagnation des préjugés sexistes depuis dix ans. Les réponses placent encore invariablement l’homme au-dessus de la femme, dominée dans les domaines sociaux, politiques, économiques. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, accueille la nouvelle avec un discours qu’elle désire optimiste. Elle n’en démord pas : le féminisme est un combat majeur et universel, quoi qu’il arrive et peu importe le temps qu’il prendra.

Selon le rapport de l’Indice des normes sociales de genre (GSNI), la moitié de la population dans le monde estime que l’homme ferait un meilleur dirigeant (d’entreprise, politique) que la femme. Comment l’expliquez-vous ?
Ce n’est pas étonnant. Le sexisme, en particulier la hiérarchie des sexes, est mondial et implanté depuis longtemps. C’est la première des discriminations. Il prend des formes différentes, mais c’est globalement toujours la même chose : le chef, c’est l’homme. Et ce, depuis la préhistoire, selon les travaux de Françoise Héritier. L’anthropologue associait les débuts des inégalités de genre à la croyance que les hommes étaient les seuls à détenir la capacité de se reproduire.

Depuis, l’on sait que les appareils reproductifs sont masculins et féminins. Ça n’a pas dissous le patriarcat, qui s’est renforcé à travers les âges. Il n’a pas le même visage, mais les mêmes dynamiques de contrôle et de domination. Toutefois, les progrès de ces dernières années auraient pu avoir une traduction plus forte sur l’état d’esprit mondial. Les courants comme #MeToo ont traversé les pays, les cultures, et touché beaucoup de monde.

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