Avez-vous déjà songé, avec une appréhension mêlée d’espoir, au jour où votre enfant n’aurait plus besoin de vous ? Et si vous saviez avec certitude que ce jour n’arriverait jamais ? C’est ce que m’ont écrit récemment deux pères, en réponse à une de mes précédentes newsletters sur la fin éventuelle du « job de parent ». Ils sont chacun parent d’un enfant porteur de handicap. M. Guérin, en région bordelaise, m’explique ainsi : « Ce qui est cruel, c’est que nous portons en nous la double angoisse : celle commune à tous les parents (la mort de leur enfant de leur vivant), mais aussi celle de notre propre mort, puisque le “job” n’étant pas fini, nous n’avons pas le droit à la mort. Nous sommes comme l’artiste qui ne peut mourir avant d’avoir achevé son chef-d’œuvre en cours. Parent béat d’amour, pas droit au néant éternel, angoisse béante. » Depuis Vanves (Hauts-de-Seine), Jérôme Marminat m’écrit, lui : « Parent de deux magnifiques chérubins, dont une Sarah, notre Martienne locale, j’angoisse souvent à l’idée qu’un jour elle devra aussi être autonome. La peur m’envahit parfois et j’ai même un moment imaginé faire un troisième enfant pour subvenir aux besoins futurs de notre fille… »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire