vendredi 13 janvier 2023

L'homophobie tue Vosges : une enquête ouverte après le suicide de Lucas, 13 ans, victime de harcèlement homophobe




par LIBERATION et AFP  publié le 12 janvier 2023

La famille du collégien d’un établissement d’Epinal dénonce des faits de harcèlement et d’homophobie, alors que le jeune garçon de 13 ans assumait son homosexualité. La direction scolaire assure avoir «pris au sérieux la situation».

Le parquet d’Epinal a annoncé ce jeudi l’ouverture d’une enquête pour harcèlement sur mineur de moins de quinze ans après le suicide, samedi 7 janvier, de Lucas, un collégien scolarisé à Golbey (Vosges). Agé de 13 ans, il était en classe de 4e au collège Louis Armand dans les Vosges. Le jeune garçon s’est suicidé à son domicile, sur fond de harcèlement scolaire et d’homophobie, alors même qu’il assumait pleinement son homosexualité.

Les proches de Lucas ont dénoncé lors de leurs auditions par les policiers «des faits de harcèlement commis par des élèves de son collège, en raison de son homosexualité, depuis plusieurs mois», précise dans un communiqué le procureur de la République d’Epinal, Frédéric Nahon. Les parents du jeune garçon pointent du doigt le harcèlement et l’homophobie dont il était victime, avec des «moqueries» liées à son orientation sexuelle.

Et si la famille de la victime n’avait pas déposé de plainte, «les faits avaient été signalés à l’Education nationale, qui avait reçu les mineurs», étaye le magistrat. L’enquête a été confiée au commissariat de police d’Epinal afin d’«établir la réalité des faits dénoncés et le lien de causalité avec le suicide», ajoute le parquet.

«Eléments incomplets»

«Il y a vraiment beaucoup d’émotion chez les adultes qui n’ont rien vu, qui n’ont pas vu Lucas aller mal ces derniers temps», affirmait mercredi Valérie Dautresme, directrice académique des services de l’Éducation nationale dans les Vosges auprès de France Bleu.L’enfant et sa mère ont fait part de ces faits à la direction de l’établissement dès septembre. «La situation a été prise très au sérieux par l’établissement, par le professeur principal», a assuré Valérie Dautresme au micro de France Bleu, avec, sans attendre, une intervention auprès de l’équipe pédagogique et des élèves.

«Pour nous, et je dis bien à ce stade, la situation a été réglée : Lucas a dit par la suite que les choses s’étaient arrangées, qu’il ne faisait plus l’objet de moqueries, selon la directrice académique. Evidemment, l’enquête est en cours et pour le moment, ce ne sont que des éléments incomplets.»

Les obsèques auront lieu samedi à Epinal, une cérémonie civile ouverte aux proches. Les parents de Lucas invitent les personnes présentes à porter un signe LGBT en hommage. Une cagnotte en ligne a été ouverte pour les obsèques.

«Je pense à tous les élèves comme lui harcelés : leur désespoir fonde ma détermination à empêcher toute forme de harcèlement», a déclaré le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, sur Twitter«Aucun enfant ne doit trouver comme issue ultime le suicide», s’est-il ému.

Alors que des cours «d’éducation à la sexualité» sont obligatoires depuis 2001 - avec une application encore trop rare et trop frileuse-, le suicide de l’adolescent relance le débat sur l’enseignement des questions de genre et d’orientation sexuelle en primaire et au collège. Dans une interview accordée au média vidéo Brut le 8 avril dernier, Emmanuel Macron s’était dit «pas favorable à ce que ce soit traité à l’école primaire. Je pense que c’est beaucoup trop tôt». Avant d’ajouter : «Je suis sceptique sur le collège, mais ma position n’est pas arrêtée».

Mise à jour : à 16 h 41, avec l’ajout de la réaction du ministre Pap Ndiaye


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