Les définitions usuelles de la « lacune » renvoient au manque, au vide, à l’absence voire à la défaillance, la détérioration ou l’insuffisance. C’est aussi une déficience du savoir. Cette notion est bien plus complexe que ce que cette liste laisserait entendre. S’il s’agit d’un manque, il est dynamique, signifiant voire créateur. La lacune n’est pas simplement une absence mais plutôt une trace en négatif de ce qui fut présent ou entier et qui, pour une raison ou une autre, a disparu. Elle pose la question de l’origine et de la nature de ce qui fut, autant que de son devenir et des pratiques qu’elle appelle : retrouver, restituer ou non, remémorer. La lacune est un embrayeur de pensée nouant le passé et le présent de façon sans cesse renouvelée. Ce vide met en abyme la complétude, l’authenticité, idéales, réelles, imaginaires. Toute lacune ne saurait être une perte, une négation. À l’échelle, longue, de l’histoire comme de la vie, brève, des hommes, sans lacunes, l’encombrement des esprits et des lieux rendrait l’existence impossible. Les multiples manières de faire lacune, d’en rendre raison, de la taire ou de la ressentir, engendrent une nécessaire réflexion sur le temps et les lieux dans lesquels elle s’inscrit. Réalité de notre présent, sujet de réflexion et défi pour des chercheurs d’horizons très variés, elle est aussi un moteur créatif pour les artistes. L’UMR 9022 Héritages s’empare de cette notion plurielle pour son premier colloque international et résolument pluridisciplinaire.
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