vendredi 30 décembre 2022

Ecole : la France a les classes les plus chargées de l’Union européenne

Par   Publié le 29 décembre 2022

Dans un couloir d’une école primaire de Corbeil-Essonnes (Essonne), en septembre 2017.

Il n’y a pas qu’en termes de salaire des enseignants ou d’inégalités scolaires que les comparaisons internationales sont sévères pour le système éducatif français. Un rapport consacré à « L’Europe de l’éducation », publié le 22 décembre par la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), le service statistique du ministère de l’éducation nationale, montre que la France est le pays de l’Union européenne (UE) dont les effectifs par classes sont les plus lourds.

Les élèves scolarisés en élémentaire en France sont en moyenne 22 par classe. La baisse est notable par rapport à la dernière édition du rapport, en 2020, date à laquelle les dédoublements des effectifs de CP et de CE1 en éducation prioritaire n’étaient pas pris en compte dans l’étude et où la moyenne française était à 24 élèves.

Elle reste cependant supérieure au reste de l’UE (19,3). Au collège, l’effectif moyen approche 26 élèves (situation similaire à l’Espagne), très au-dessus de la moyenne de tous les pays, située sous la barre des 21.

La France arrive en tête des pays européens où le nombre d'élèves par classe est le plus élévé

Taille moyenne des classes en élémentaires et au collège en 2019-2020. Les données ne sont pas disponibles pour la Belgique, l'Irlande, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Nombre moyen d'élève par classe en élémentaireNombre moyen d'élève par classe au collège
FranceHongrieEspagneAllemagnePortugalRépublique tchèqueSuèdeDanemarkEstonieItalieSlovénieFinlandeAutricheRépublique slovaqueLituanieGrèceLettoniePologne
10 30 

La France est aussi l’un des pays de l’UE qui compte le moins d’enseignants par rapport à son nombre d’élèves – par ailleurs le plus élevé de l’UE. C’est vrai pour tous les niveaux sauf le lycée, où les options en groupes réduits et les cours en atelier dans l’enseignement professionnel français conduisent à un taux d’encadrement plus favorable.

Pour le primaire, la DEPP souligne notamment un « écart très marqué » avec l’Allemagne, qui a 9,2 élèves par enseignant en maternelle et 14,9 en élémentaire là où la France en a respectivement 23,2 et 18,4 (seule la Roumanie est au-dessus). Au collège, la différence est moins prégnante : la France a 14,6 élèves par enseignant (derrière les Pays-Bas) contre 12,8 outre-Rhin.

Revendications des syndicats

Pour les professeurs, ces conditions d’exercice face à davantage d’élèves ne sont pas compensées – c’est désormais de notoriété publique – par un meilleur salaire, ni par un nombre d’heures d’enseignement statutaire inférieur.

L’étude montre que les enseignants français sont ceux qui doivent assurer un nombre d’heures de cours parmi les plus élevés d’Europe : au moins 900 heures par an en élémentaire (740 en moyenne dans l’UE, 691 en Allemagne, avec laquelle la France est souvent comparée), ou au moins 720 heures au collège (659 pour le reste de l’Europe, 641 en Allemagne). Ils n’ont, en revanche, pas de temps supplémentaire de présence obligatoire dans les établissements, comme c’est le cas dans la moitié des pays européens.

La baisse des effectifs par classe fait partie des revendications des principaux syndicats d’enseignants français. Le Snuipp-FSU et le SNES-FSU, majoritaires dans le premier et le second degré, réclament une limitation des effectifs à 24 ou 25, et 20 en éducation prioritaire, à la fois pour garantir de meilleures conditions d’apprentissage aux élèves et pour améliorer les conditions de travail des enseignants.

Dans les écoles élémentaires publiques, près d’une classe sur trois compte plus de 25 enfants – presque les deux tiers dans le privé. Dans le secondaire, où plusieurs milliers de postes ont été supprimés ces cinq dernières années, en dépit d’une démographie scolaire en hausse, la question des effectifs est devenue omniprésente. En collège, plus d’une classe sur 10 compte désormais plus de 30 élèves, deux fois plus qu’il y a dix ans. En lycée général, c’est presque 70 % – dont 20 % à plus de 35. Ce taux dépassait à peine la barre des 50 % en 2010.


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