samedi 19 novembre 2022

Les patients dénoncent une « obstruction à l’accès aux soins » de la part des syndicats de médecins


 



Le Monde avec AFP   Publié le 17 novembre 2022

Les représentants des médecins ont quitté précipitamment la première séance de leurs échanges avec l’Assurance-maladie devant aboutir à une nouvelle convention.

Face aux difficultés pour se soigner, les patients s’impatientent. La principale fédération d’organisations de patients, France Assos Santé, accuse les syndicats de médecins de pratiquer une « obstruction à l’accès aux soins » en s’opposant à diverses mesures actuellement en discussion au Parlement ou avec l’Assurance-maladie.

« Alors que le tout-incitatif n’a pas répondu et ne répondra pas aux besoins des populations dans les territoires, les syndicats s’opposent par principe à l’idée de réguler l’installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux », déplore ce regroupement d’une centaine d’associations d’usagers, dans un communiqué diffusé jeudi 17 novembre.

« Gravité »

France Assos Santé s’offusque de l’opposition des organisations de médecins à l’idée que des infirmiers en pratique avancée puissent, demain, être autorisés à effectuer certaines prescriptions. « L’intérêt des usagers commande d’élargir l’offre de soins et non de la restreindre encore davantage », fait valoir le groupement d’associations de malades en soulignant que « 11,5 % des patients de plus de 17 ans n’ont pas de médecin traitant ».

France Assos Santé exhorte les syndicats de praticiens « à prendre la mesure de la gravité de la situation ». D’après la fédération, « les cinq ans à venir vont être les futures années noires de l’accès aux soins si des mesures d’ampleur ne sont pas prises ».

Selon elle, l’accès aux soins est « pris en otage » par les syndicats de médecins libéraux dans les négociations conventionnelles, « à peine commencées et déjà quittées ». La négociation en vue d’une nouvelle convention pour les cinq prochaines années « reprendra dès la semaine prochaine », a annoncé jeudi l’Assurance-maladie jeudi dans une déclaration transmise à l’Agence France-Presse.

La séance inaugurale avait tourné court la semaine dernière, après que les syndicats de médecins ont réclamé en préalable deux mesures techniques – sur leurs retraites et sur l’installation des jeunes spécialistes – et une refonte de l’agenda des négociations, pour aborder au plus vite le sujet sensible des tarifs.

Consultations de prévention

Les discussions, censées aboutir d’ici à la fin de février, sont cadrées par les objectifs du gouvernement, qui veut avant tout « garantir un accès aux soins dans tous les territoires » et « un médecin traitant pour tous » les Français – 6 millions d’assurés n’ont pas de médecin traitant, dont 600 000 malades chroniques.

L’exécutif a aussi fixé plusieurs priorités pour les futurs investissements, comme les assistants médicaux dont le nombre doit tripler – de moins de 4 000 aujourd’hui à 10 000 en 2025 – ou les nouvelles consultations de prévention aux « âges-clés de la vie » (25, 45 et 65 ans).

Par ailleurs, le « service d’accès aux soins », qui associe SAMU et médecins libéraux, actuellement en phase pilote dans une vingtaine de départements, doit être « généralisé dès l’année 2023 ». Et les « communautés professionnelles territoriales de santé », sorte de réseaux locaux de soignants, devront mailler tout le territoire d’ici à la fin de 2023.

Malgré ces figures imposées, le directeur de l’Assurance-maladie, Thomas Fatôme, a affirmé qu’il restera des marges de manœuvre pour « renforcer l’attractivité de la médecine libérale et porter des revalorisations », en particulier pour les médecins généralistes, les pédiatres et les psychiatres.


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