samedi 5 novembre 2022

Au rapport Gourous masculinistes, mouvement «féminin sacré», guérisseurs ésotériques : la faune des sectes en expansion

par Romain Boulho   publié le 2 novembre 2022

Le rapport annuel de la Miviludes pour 2021 dresse un état des lieux inquiétant des dérives sectaires en France, en hausse. Scientologues et témoins de Jéhovah sont désormais concurrencés par les gourous du bien-être.

Le gourou est un animal qui vit avec son temps. Il évolue sur les pourtours de la société et exploite ses questionnements. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), dans son rapport d’activité 2021 rendu ce mercredi, en liste un panel très divers. Il y a donc les gourous «masculinistes», les missionnaires de la théorie du féminin sacré, les gourous yogi, naturopathes, antivax, et autres chamans. Dans le document, on remarque, en plus de la persistance des phénomènes sectaires multinationalisés (église de scientologie, témoins de Jéhovah, anthroposophie, etc.), la montée en puissance des pseudos-guérisseurs et vrais arnaqueurs liés à la santé, qui déploient leur emprise et font germer leurs pratiques ésotériques sur le terreau de théories conspirationnistes – une tendance lourde selon le rapport.

En tout et pour tout, la Miviludes a dénombré, en 2021, 4 020 saisines, près du double par rapport à 2015 et en hausse de 33% en un an. Sur l’ensemble de ces saisines, 396 impliquent directement ou indirectement des mineurs ; 744 concernent la santé, la majorité pour des pratiques de soins dites non conventionnelles, dans un contexte de crise sanitaire. «Il est indéniable que la crise engendrée par le Covid-19 a déstabilisé de nombreuses personnes en perte de repères dans une société complexe, interconnectée où l’information côtoie la désinformation», pointe le rapport.

Se «nourrir d’air et de lumière pendant vingt et un jours»

La secrétaire d’Etat à la Citoyenneté, Sonia Backès, a décrit ce mercredi devant la presse la menace de ces «gourous 2.0», qui recrutent leurs victimes via les réseaux sociaux et dont les remèdes, basés notamment sur des jeûnes extrêmes et le crudivorisme, mettent directement en danger, parfois de mort, les personnes sous leur emprise. «Des gens qui, quand vous avez un cancer, vous conseillent d’arrêter la chimiothérapie pour des jus de légumes, de vous nourrir d’air et de lumière pendant vingt et un jours…» détaille la secrétaire d’Etat, qui se félicite d’ailleurs de la récente décision de Doctolib de supprimer de sa plateforme les profils qui ne sont pas référencés comme des professionnels par les autorités de santé. Ainsi, Thierry Casasnovas, le naturopathe préféré des consommateurs de jus portés l’ésotérisme, est à l’origine de 54 saisines. L’homme ne pousse pas seulement au jeûne ou manger cru : il délivre un discours anti-médecine virulent et possède une force de frappe exceptionnelle avec ses 588 000 abonnés sur YouTube.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire