samedi 22 octobre 2022

LA FOLIE, C’EST LES AUTRES

Par Tahar Ben Jelloun (@Tahar_B_Jelloun)     le 17/10/2022

MAROC

Tahar Benjelloun - Le360

© Copyright : Famille Ben Jelloun

Le Marocain résiste à se soumettre à la parole face à un psychanalyste. De deux choses l’une, ou bien le Marocain considère que le fou c’est toujours l’autre, jamais lui, ou bien il trouve dans les troubles mentaux un «confort» qui arrange sa vie. (hbel terbeh!).

Quand je faisais mes études de philosophie à la faculté des lettres de Rabat, durant une année, nous avions un cours sur la maladie mentale. Nous nous rendions à l’hôpital psychiatrique de Salé où les professeurs Roland puis Benaboud nous présentaient des cas de personnes atteintes de troubles mentaux à des degrés divers.

 

Nous étions tétanisés. Etre face à la folie, n’est pas chose facile. Nous pensions de manière quasi-automatique à notre propre état et nous nous projetions sur les cas présentés.

 

Nous sortions de là déprimés et inquiets.

 

A l’époque, on mettait tous les désordres mentaux dans la case de la folie. Or c’était souvent plus complexe que cela.

 

D’après une enquête qui vient d’être rendue publique, menée par le CESE, 48,9% de la population âgée de 15 ans et plus présente ou a déjà présenté des signes de troubles mentaux.

 

Ce chiffre est énorme. Il est global, certes, mais il n’en est pas moins inquiétant.

 

La même enquête nous apprend qu’il n’y a guère que 454 psychiatres dans le pays.


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