samedi 17 septembre 2022

Fin de vie : l’ordre des médecins, opposé à l’euthanasie, réclame une « clause de conscience »

Le Monde avec AFP   Publié le 15 septembre 2022

« Si une assistance au suicide était acceptée, nous serons très attentifs : doit-il être accompagnateur ? Sûrement. Effecteur ? Je ne crois pas. Ce n’est pas son rôle », a estimé le président du Conseil national de l’ordre des médecins dans une interview publiée jeudi.

Une bénévole d’accompagnement rend visite à une patiente de la Maison de Nicodème, un établissement de soins palliatifs, à Nantes, le 25 avril 2022.

En annonçant le lancement d’une convention citoyenne sur l’aide active à mourir, Emmanuel Macron a relancé le débat sur la fin de vie. Par la voix de son président, l’ordre des médecins s’est déclaré jeudi 15 septembre « pas favorable à l’euthanasie » et considère que, si la France ouvre la possibilité d’une aide active à mourir, les médecins doivent bénéficier d’une « clause de conscience », dans une interview au Quotidien du médecin.

Cette prise de position intervient deux jours après la publication de l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Celui-ci a jugé possible, dans un avis publié mardi 13 septembre, une aide active à mourir à de strictes conditions, pour les adultes atteints de maladies graves et incurables, avec des souffrances physiques ou psychiques impossibles à apaiser et un pronostic vital engagé à moyen terme.

Pour le président du Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), François Arnault, « la place et le rôle » esquissés pour le médecin par le CCNE apparaissent « plutôt comme une bonne base de réflexion »« Il doit s’assurer du diagnostic et vérifier que la personne remplit les critères médicaux – les situations cliniques envisagées, par exemple certaines maladies neurodégénératives, font plutôt consensus dans leur difficulté de prise en charge. Il doit aussi s’assurer de la réalité de la volonté du patient, ce qui est très important », a-t-il détaillé dans l’interview.

« Il faut que la loi protège le médecin dans l’accompagnement »

« Si une assistance au suicide était acceptée, nous serons très attentifs : [le médecin] doit-il être accompagnateur ? Sûrement. Effecteur ? Je ne crois pas. Ce n’est pas son rôle », a déclaré le Dr Arnault. « Et l’ordre n’est pas favorable à l’euthanasie », lors de laquelle un médecin effectue l’injection létale, a-t-il poursuivi.

A la question de savoir s’il faut aller plus loin que la loi Claeys-Leonetti de 2016, le président du CNOM a répondu que « la population a une forte attente » mais qu’« il faut que la loi protège le médecin dans l’accompagnement qu’il serait amené à faire ».

« Cela doit passer par une clause de conscience, à l’instar de celle qui existe pour l’interruption volontaire de grossesse, avec le devoir de réorienter le patient vers un médecin qui accepte de le prendre en charge », a-t-il plaidé. Une position qui rejoint les recommandations du CCNE.

Plus largement, le président de l’ordre des médecins a jugé la France « très en retard » sur la fin de vie et considéré qu’il était « nécessaire que chaque département dispose d’établissements dédiés à la fin de vie, avec des soignants formés et soutenus ». Selon lui, « il faut lutter contre ces inégalités d’accès aux soins palliatifs, par la formation, et déjà par l’application de la loi Claeys-Leonetti ».


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