dimanche 14 août 2022

Un été en photo : Irina Shkoda, mater première

par Dylan Calves  publié le 12 août 2022

Chaque samedi, le service photo de «Libé» met en lumière le travail d’un artiste. Cette semaine, l’Ukrainienne illustre son désir érotique pour une sexualité reproductive en même temps que sa peur de la perte de contrôle sur son corps.

Après un premier travail Miserere autour des psaumes de David et du péché, la photographe ukrainienne Irina Shkoda ouvre son projet «Come inside» par un extrait du Cantique des Cantiques 1:2 : «Qu’il me baise des baisers de sa bouche ! / Car ton amour vaut mieux que le vin.»

Prise entre le désir érotique de la conception et la peur de devenir mère, Irina étudie sa sexualité via son imagination, où le désirable et l’effrayant se trouvent étrangement déplacés, entrelacés, ouvrant une faille sémantique. Ne possédant pas encore l’expérience de la maternité, elle s’y rapporte et la représente par des œufs et artefacts, accompagnant sa série par un poème coécrit avec son traducteur Olivier Hercend : «Tu m’as croisée et par accident ta main a touché la mienne, et je garde la sensation de ce toucher léger ; mes clavicules sont emplies de tendresse ; puis j’ai vu une coccinelle sur ton doigt, qui s’accrochait et refusait de partir ; puis l’espace d’un instant j’ai voulu que tu sois mon père ; puis tu t’es endormi à midi, et j’ai contemplé l’ombre de tes cils... Je suis confuse, je ne sais pas ce que je veux. Pourquoi ne puis-je pas dire que je suis confuse et que je ne sais pas ce que je veux ? Qui cette fois-ci a édicté la loi qui me laisse muette ?»


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