dimanche 21 août 2022

LGBT+ «Des hommes aussi peuvent être enceints»: le Planning familial ciblé par l’extrême droite

publié le 20 août 2022

Une affiche de l’association montrant un homme transgenre enceint a provoqué des réactions nauséabondes, à droite et à l’extrême droite. La gauche, elle, défend avec acharnement l’institution. 

Il ne fallait pas plus d’un dessin partagé sur les réseaux sociaux pour que, dans la torpeur de l’été, la classe politique s’emballe. Mercredi, une affiche réalisée pour le Planning familial montrant un homme transgenre enceint et diffusé sur Twitter a provoqué une vague de réactions, venues majoritairement de l’extrême droite. Réalisée par l’illustrateur Laurier The Fox, lui-même transgenre, le dessin est accompagné de la légende suivante : «Au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints.»

L’extrême droite n’a pas traîné pour vociférer. «Avec ce genre de communication ridicule, le Planning familial se transforme de plus en plus en officine de propagande sociétale, a critiqué Laure Lavalette, députée RN du Var et porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Il est nécessaire de démasquer ces militants archi-subventionnés qui ne cherchent qu’à répandre leur idéologie grotesque et mensongère.» Historiquement hostile au droit à l’avortement, le Front national de Jean-Marie Le Pen a toujours proposé de revenir sur la loi Veil. Par stratégie politique, la fille du fondateur du parti d’extrême droite a depuis évolué sur le sujet.

Dans les rangs du parti à la flamme, bien que toilettée depuis 2011 par Marine Le Pen, on s’offusque désormais de la diffusion de la «théorie du genre». «Le Planning familial, subventionné par nos impôts et agréé par l’Education nationale pour intervenir auprès des jeunes, milite ouvertement pour la théorie du genre», a ainsi bougonné Nicolas Meizonnet, député RN du Gard. Plusieurs élus ont aussi réclamé la suspension des subventions accordées à l’association créée en 1956. Laurence Trochu, membre de Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, et présidente du Mouvement conservateur, l’ex-Sens commun, le mouvement politique né de la Manif pour tous, a également dénoncé les «doctrines» du Planning.

La droite, elle, s’est montrée globalement silencieuse. Quelques rares voix ont toutefois emboîté le pas du Rassemblement national, à l’image du député de Moselle Fabien Di Filippo. «Le Planning familial s’éloigne de la science pour verser dans le militantisme idéologique le plus contestable», a réagi vendredi l’élu sur Twitter.

«Crapules réactionnaires»

Attaqué, le mouvement féministe a dénoncé vendredi dans un communiqué la «haine» de «personnalités d’extrême droite et de leurs sympathisants». L’association envisage de porter plainte. «Nous, féministes, n’accepterons pas de voir le Planning familial faire l’objet d’une campagne de dénigrement sur le dos des minorités de genre», assure l’association dans un communiqué, qui rappelle son principe d’«accueil inconditionnel des personnes, quelle que soit leur identité de genre». «Les personnes trans ont leur place dans notre mouvement.»

De nombreux élus socialistes, écologistes ou insoumis ont apporté leur soutien au mouvement féministe, qui milite pour le droit à l’avortement et l’accès à la contraception. Sans répondre aux attaques visant la personne transgenre représentée sur l’affiche, ces élus rappellent que le Planning a, depuis sa création, œuvré inlassablement pour le droit des femmes. Et ce de manière inconditionnelle.

«Les attaques de ces crapules réactionnaires sont indignes. La haine et la transphobie : voilà le visage de l’ex-droite», a fustigé le député LFI de Seine-Saint-Denis, Bastien Lachaud. La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, l’ancienne ministre Emmanuelle Cosse, Philippe Poutou ou les députés Boris Vallaud (PS) et Clémentine Autain (LFI) ont, parmi d’autres, également apporté leur soutien au Planning familial.

La majorité présidentielle, elle, s’est faite relativement silencieuse. Fin juin, la Première ministre Elisabeth Borne avait effectué l’un de ses premiers déplacements au siège du Mouvement français pour le Planning familial, à Paris. Une visite pour «marquer [s] on soutien» à «celles et ceux qui agissent au quotidien» pour les droits des femmes. Et ce quelques jours après la décision de la Cour suprême américaine d’abroger le droit fédéral à l’interruption volontaire de grossesse.


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