vendredi 19 août 2022

« Il n’y a plus d’Europe centrale psychanalytique », une conversation avec Élisabeth Roudinesco

 


La chute du mur de Berlin et l'effondrement du communisme ont bouleversé les sociétés des anciennes républiques socialistes soviétiques. Dans son Grand Tour, Élisabeth Roudinesco nous décrit sur plusieurs décennies les changements intervenus dans les capitales de l'Europe de l'Est — l'arrivée du luxe, des touristes, l'assouvissement de nouveaux désirs mais aussi la montée terrible des inégalités. À travers ses nombreuses rencontres avec des intellectuels de l'Est, elle retrace l'histoire d'une génération de penseurs et d'artistes.

La psychanalyse est née à l’orée du XXe siècle au cœur de la Mitteleuropa. Ce lieu et ce moment, cet espace-temps singulier, ne relèvent pas des hasards ?

La psychanalyse est née à Vienne, dans un monde qui était encore celui de l’Empire austro-hongrois. Toutes les minorités intellectuelles, juives mais pas seulement, étaient réunies dans cette capitale flamboyante et atemporelle qu’était la Vienne «  fin de siècle et début de siècle  ». C’était un étrange mélange qu’ont très bien décrit l’historien Carl E. Schorske puis, en France, Jacques Le Rider. Un paradoxe même  : Vienne se trouve avoir été à la fois à l’origine du sionisme, du socialisme, de la psychanalyse, des mouvements d’émancipations sociaux-démocrates marxistes. Tous partageaient l’ambition de changer le monde tout en étant enfermés dans un temps immobile. Car Vienne était une capitale figée dans son histoire, avec cet empire agonisant qui laissait toutefois une incroyable liberté aux minorités venues de tout l’empire. C’est ce bouillon de culture qui a donné naissance à tous ces mouvements, et notamment à la psychanalyse. 

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