mercredi 8 juin 2022

Crise aux urgences : le gouvernement annonce de « premières mesures » avant l’été

Par  (avec AFP)

La ministre de la santé, Brigitte Bourguignon, réactive le doublement de la rémunération des heures supplémentaires pour les soignants et le caractère immédiat de l’employabilité des élèves infirmiers.

Lise, 32 ans, Bérangère, 42 ans, et Cécile, 41 ans, infirmières au bloc opératoire de l’hôpital Pellegrin, à Bordeaux, participent à la manifestation du personnel soignant des hôpitaux pour réclamer des hausses de salaire et d’effectifs. A Bordeaux, le 7 juin 2022.

Face aux urgentistes réunis en congrès à Paris, la nouvelle ministre de la santé était particulièrement attendue, alors que les services des urgences sont en première ligne dans la crise que traverse l’hôpital depuis plusieurs semaines. Heures supplémentaires payées double, élèves infirmiers « immédiatement » employables à la sortie d’école : Brigitte Bourguignon a annoncé mercredi 8 juin de « premières mesures »afin de surmonter un « été difficile » à l’hôpital, sans attendre les conclusions de la « mission flash » sur les urgences lancée par le président de la République, quelques jours plus tôt.

« L’été sera difficile » et il faudra « trouver des solutions pour que les Français ne soient pas privés de soins », a déclaré Mme Bourguignon, qui a reconnu un « risque de rupture d’accès aux soins réel ». Cent vingt services d’urgences sont déjà contraints de fonctionner en mode dégradé, en réduisant leurs effectifs ou en fermant la nuit ou le week-end, selon un décompte réalisé au 20 mai par l’association SAMU-Urgences de France.

« Le gouvernement prend ses responsabilités face à la crise », a affirmé la ministre. L’exécutif a par exemple « décidé de réactiver le doublement de la rémunération des heures supplémentaires du personnel non médical, et du temps de travail additionnel des médecins, pour l’ensemble de la période estivale ». Ce dispositif a été mis en place pendant la crise du Covid-19, durant laquelle les ressources humaines étaient déjà l’un des points critiques pour le bon maintien de l’offre de soins.

La ministre a par ailleurs annoncé « un dispositif exceptionnel »pour que « les élèves infirmiers et aides-soignants ayant achevé leur formation initiale en juin et juillet [puissent] commencer à exercer immédiatement, sans attendre la remise officielle de leur diplôme ». Les soignants retraités « volontaires pour reprendre une activité »cet été bénéficieront pour leur part de « facilités de cumul [avec]leur pension de retraite ».

Par ailleurs, les agences régionales de santé ont été sommées de « remobiliser les dispositifs territoriaux de gestion de crise » pour coordonner hôpitaux publics, cliniques privées et professionnels libéraux.

Une réponse « en trois temps »

« Il y a eu quelques annonces, c’est positif, réagit Philippe Revel, chef du pôle urgences adultes SAMU-SMUR du CHU de Bordeaux. Il faut garder un état d’esprit positif, sinon on n’y arrivera pas cet été. » Les urgences du CHU Pellegrin font partie des services touchés de plein fouet par la crise, avec une fermeture décidée la nuit depuis le 18 mai, les patients étant appelés à passer par le 15 de manière systématique avant de se déplacer.

Ces « premières mesures seront bientôt complétées par les propositions de la mission Braun », a ajouté Brigitte Bourguignon. Emmanuel Macron a chargé le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France et référent santé du candidat LRM lors de la campagne, d’une « mission flash » sur les urgences et les soins non programmés, dont les résultats sont attendus d’ici au 1er juillet. La réponse à la crise sera rythmée « en trois temps », a rappelé la ministre, le troisième temps correspondant à la grande conférence « avec les parties prenantes » sur la santé, attendue pour cet été. « Nous parlerons de tout, sans totem, ni tabou », a soutenu Brigitte Bourguignon, assurant qu’une « attention particulière » sera portée à la reconnaissance de la pénibilité du travail de nuit.

Pour le responsable de la CGT-Santé Christophe Prudhomme, qui appelait la veille à une mobilisation avec huit autres organisations syndicales et des collectifs de soignants, la réponse est néanmoins loin d’être à la hauteur. « On réactive les mêmes mesures que celles proposées pour passer les vagues Covid, mais ce ne sont pas des solutions, juge-t-il. Les soignants ont besoin de souffler cet été, on leur dit déjà de ne pas prendre plus de deux semaines de congé, et là, on leur propose des mesures pour travailler plus, ce n’est pas sérieux, beaucoup n’acceptent déjà plus de faire des heures supplémentaires… »


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