samedi 14 mai 2022

Droit des femmes En quête d’un repreneur, la maternité des Lilas restera ouverte pendant encore un an

par Estelle Aubin   publié le 9 mai 2022 

Menacée maintes fois de fermeture, l’historique et féministe maternité des Lilas obtient une prolongation d’une année supplémentaire de son droit d’exister. Une victoire et un soulagement pour ses employés. En attendant une solution plus pérenne.

C’est un sursis bienvenu. Presque inespéré. La fameuse maternité des Lilas, institution féministe en plein cœur de la Seine-Saint-Denis, ne baissera pas le rideau en juin. Ses portes resteront même ouvertes pendant encore au moins un an. Le 29 avril, l’Agence régionale de santé (ARS) lui a en effet accordé une prolongation du droit d’exercer d’un an, rapporte ce lundi le quotidien 20 minutes.

Un sanctuaire féministe «à but non lucratif»

La maternité est régulièrement menacée de fermeture. En cause un déficit massif de 4,5 millions d’euros et des «locaux vétustes restés dans leur jus», écrivait Libération en avril. Dernier couperet : trouver un généreux repreneur d’ici début juin ou rendre les clés. Mais l’ARS est finalement revenue sur ses déclarations et une procédure liée à la crise du Covid a permis le maintien de la clinique. Pour un an au moins. «Il n’y a pas de date butoir – ni en juin ni dans les mois à venir – concernant la situation de la maternité, qui continue de fonctionner avec l’autorisation de l’Agence», affirme l’ARS.

Depuis son ouverture en 1964, la maternité est devenue l’antre du combat pour les droits des femmes, fonctionnant à rebours des impératifs de rentabilité. Les Lilas prônent l’accouchement naturel et placent le libre choix des femmes comme prérequis. Une maternité à but non lucratif. Près de 1 400 bébés par an naissent entre ses murs. Et 900 interruptions volontaires de grossesse y sont en moyenne réalisées.

Mobilisation d’une ampleur inédite

Régulièrement, ses employés – pour la majorité des femmes – sont descendus dans la rue ces derniers mois. D’autres féministes, riverains, futurs parents, anciennes patientes et personnels des maternités alentour ont également rejoint les différents cortèges, donnant une ampleur inédite à la mobilisation. Une pétition, rassemblant plus de 40 000 signatures, a également été lancée dans le courant de l’année. Aujourd’hui, les salariés des Lilas se disent surtout soulagés. En premier lieu, sa directrice, Myriam Budan qui s’exclame à 20 minutes «On a un an pour trouver une solution et ne pas fermer !»

Car des incertitudes persistent. Pour la cheffe des lieux, la situation n’est pas tenable sur le long terme, les menaces de fermeture planant toujours : «On va fermer, on ne va pas fermer, on va fermer, on ne va pas fermer… Cette maternité, c’est un éternel recommencement à la recherche d’un projet.» Si les offres de reprise existent, notamment de la part du groupe Avec, elles demeurent bien «floues». Myriam Budan ne veut pas transiger sur ses critères. A savoir, «reprendre notre culture, garder voire labelliser notre nom et reprendre l’ensemble du personnel», détaille-t-elle. La lutte semble loin d’être terminée.


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