vendredi 6 mai 2022

Covid-19 : la pandémie a causé la mort « de 13,3 millions à 16,6 millions » de personnes jusqu’à la la fin de l’année 2021, reconnaît l’OMS


 



Le Monde avec AFP  Publié le 5 mai 2022

La nouvelle estimation de l’Organisation mondiale de la santé confirme un bilan beaucoup plus élevé que celui que donnent les chiffres officiels des autorités de chaque pays.

Personnel hospitalier du CHU de Fort-de-France, en Martinique, en août 2021.

La pandémie de Covid-19 était responsable de la mort de 13 millions à 17 millions de personnes à la fin de 2021, soit beaucoup plus que le nombre de morts officiellement recensés, selon une nouvelle estimation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publiée jeudi 5 mai. Ces chiffres, très attendus, permettent de donner une idée plus réaliste des effets dévastateurs (y compris indirects) de la pire pandémie depuis un siècle, laquelle continue de faire des milliers de morts chaque semaine.

« De nouvelles estimations de l’Organisation mondiale de la santé montrent que le bilan total associé directement ou indirectement à la pandémie de Covid-19 entre le 1er janvier 2020 et le 31 décembre 2021 est d’environ 14,9 millions de morts (une fourchette de 13,3 millions à 16,6 millions) », a révélé l’organisation dans un communiqué. Ces chiffres confirment l’estimation donnée par une étude publiée le 10 mars dans la revue The Lancet,qui donne un bilan d’environ 18 millions de morts.

Depuis le début de la pandémie, les chiffres des pays membres compilés par l’OMS arrivent à un total de 5,4 millions de morts sur la même période, mais l’OMS a averti de longue date que ces chiffres sous-estimaient la réalité. « Ces données, qui donnent à réfléchir, soulignent non seulement l’impact de la pandémie, mais aussi la nécessité pour tous les pays d’investir dans des systèmes de santé plus résilients, qui peuvent soutenir les services de santé, essentiels pendant les crises, y compris des systèmes d’information sanitaire plus solides », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Asie, Europe et Amérique sont les plus concernées

La surmortalité est calculée en faisant la différence entre le nombre de décès réels et le nombre de décès estimés en l’absence de pandémie, en s’appuyant sur des statistiques existantes. La surmortalité comporte aussi bien les décès directement provoqués par la maladie que ceux qui l’ont été indirectement en raison de l’impact de la pandémie sur les systèmes de santé et la société en général.

Les causes indirectes de décès liées au Covid peuvent être notamment dues à des structures de santé surchargées et forcées, par exemple, de retarder des procédures chirurgicales ou des séances de chimiothérapie pour des malades du cancer. L’OMS a déclaré que la plupart des décès excédentaires (84 %) étaient concentrés en Asie du Sud-Est, en Europe et dans les Amériques. Quelque dix pays représentaient à eux seuls 68 % du total de la surmortalité.

Les pays à revenu élevé représentaient 15 % des décès excédentaires, contre 28 % pour les pays à revenu intermédiaire supérieur, et 53 % pour les pays à revenu intermédiaire inférieur. Quant aux pays à faible revenu, ils représentaient 4 %. Le nombre de morts dans le monde était plus élevé chez les hommes que chez les femmes – 57 % d’hommes, 43 % de femmes – et plus élevé chez les personnes âgées.

« Comprendre l’impact de la pandémie »

« Mesurer la surmortalité est un composant essentiel pour comprendre l’impact de la pandémie », a expliqué Samira Asma, chargée du dossier à l’OMS. Les informations plus fiables permettent aux décideurs de mieux préparer le terrain pour limiter l’impact de futures crises. « Ces nouvelles estimations reposent sur les meilleures données disponibles, produites à l’aide d’une solide méthodologie et d’une approche complètement transparente », a-t-elle expliqué.

Le sujet est extrêmement sensible, en raison des répercussions politiques de ces chiffres, liées à la qualité de la gestion de la crise par les autorités. L’OMS a fait savoir qu’elle s’était appuyée sur un groupe d’experts reconnus dans leur domaine, qui ont mis au point une méthodologie permettant d’extrapoler dans les cas où les données sont insuffisantes ou incomplètes.

De nombreux pays dans le monde n’ont pas les moyens de collecter des données fiables sur la mortalité, et par conséquent ne peuvent pas s’appuyer sur les enseignements que l’on peut tirer de l’étude des données de surmortalité. La méthodologie mise au point par les experts de l’OMS doit permettre de contourner l’obstacle.


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