lundi 28 mars 2022

Confessions d’un psychothérapeute Asperger

 Thomas Noyer  

SUISSE

Je suis donc Asperger. Même si j’ai moi-même initié le bilan d’évaluation psychologique en vue de confirmer ou d’infirmer cette hypothèse de symptôme, je suis un peu secoué par la nouvelle. Secoué et aussi soulagé, car elle vient mettre du sens sur ces moments où je me sentais un peu « à côté », décalé. Ce sera aussi l’occasion de saisir l’impact de mon comportement et de l’adapter à l’environnement, et surtout de plus pleinement accepter mes singularités.

En fait, cette nouvelle est un éloge des singularités.

Tout commence dans le couple. « Heureux hasard », ma compagne travaille entre autres avec des personnes atteintes de trouble du spectre autistique, et au bout de dix ans de vie commune elle s’interroge suite à l’observation d’une concordance de facteurs (hypersensibilités sensorielles, patterns répétitifs, anomalies qualitatives dans l’interaction sociale réciproque, faible notion du temps). Elle fait peut-être des heures supplémentaires ! Je vais vérifier ça.

La psychologue, une copine spécialiste des profils atypiques me propose une batterie de tests. Parmi ces tests, un de cognition sociale (Perception des émotions faciales – BCS/mini SEA). Je suis un peu étonné car elle m’en a déjà fait passer deux similaires. Elle souhaite vérifier quelque chose, car selon ses mots elle est perfectionniste et j’ai eu des temps de réaction cinq fois supérieurs à la moyenne. Quand j’apprends qu’il s’agit de regarder des visages qui expriment une émotion et de les reconnaître, je me sens légèrement surpris, humilié, impatient, irrité, frustré. Pourquoi me demande-t-elle ça à nouveau ? Je déteste avoir la sensation de faire mauvais usage de mon temps. Bon, je vais faire ce test et lui confirmer que je suis un expert en la matière.


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