lundi 7 février 2022

Hôpitaux psychiatriques ou prisons psychiatriques ?

8 FÉVRIER 2022

CANADA

Article rédigé par Camille Cottais – Cheffe du pupitre Actualités

Historiquement, les hôpitaux psychiatriques ont été le lieu de nombreux abus : tortures, stérilisations forcées, lobotomisations, tentatives de changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre… Si ces pratiques appartiennent maintenant au passé, de nombreux témoignages éclatent pour mettre au jour la persistance d’abus et de maltraitances au sein des institutions psychiatriques.

Virgile Mougin-Filstroff, 23 ans, a été hospitalisé à l’hôpital psychiatrique (HP) pour la première fois à 14 ans. Sur Twitter, il dénonce les violences médicales qu’il a vécu, et a notamment lancé le hashtag #LaPsychophobieEnHPCest afin d’encourager d’autres personnes à témoigner.

Virgile décrit plusieurs cas de négligences de la part du personnel lors de cette hospitalisation, tels qu’une infirmière lui criant dessus alors qu’il fait une crise d’angoisse ou un patient l’ayant harcelé sexuellement sans qu’aucun.e soignant.e ne réagisse. Celui-ci l’a même plaqué contre le mur en lui disant qu’il devait accepter d’avoir des relations sexuelles avec lui. « J’ai essayé de le repousser de toutes mes forces, j’ai crié, mais je n’ai pas reçu d’aide. Il m’a harcelé tout le long de ma première hospitalisation là-bas, soit environ un mois et demi », déplore-t-il.

Virgile se réfugie alors dans la lecture. Il passe son temps à lire dans sa chambre, endroit où il se sent le plus en sécurité, avant que les soignant.e.s ne le privent de ses livres pour le forcer à sociabiliser, fermant à clé sa chambre durant la journée.

Selon Virgile, ces abus sont la norme dans les HP. « On ne prend pas soin de nous là-bas, on nous enferme, on nous violente, on nous humilie et on nous punit de ne pas rentrer dans le moule neurotypique. Nos conditions de vie étaient pitoyables, il n’y a rien de thérapeutique à ça », dénonce-t-il.

Abus du passé et abus du présent

Daves Holmes est professeur titulaire à l’Université d’Ottawa en sciences infirmières et travaille dans le milieu psychiatrique depuis 36 ans. Bien qu’on ne puisse plus parler aujourd’hui de tortures, explique-t-il, il reste toujours des vestiges de mauvais traitements dans les HP. Ces derniers peuvent se présenter sous diverses formes : négligences, utilisation de mesures restrictives et punitives, ou encore atteinte aux droits et libertés individuelles des patient.e.s.

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