vendredi 25 février 2022

Alternatives aux Ehpad Où habiter pendant ses vieux jours ?

Publié le : 23/02/2022 

L’âge venant, il semble parfois difficile de continuer à vivre dans le logement où l’on se sentait si bien. Beaucoup n’entrevoient alors qu’une solution : partir pour un Ehpad. Ce scénario n’est pourtant pas une fatalité. Les professionnels ont bien compris que les baby-boomers n’envisagent pas cette perspective avec enthousiasme. Aussi, de plus en plus de solutions alternatives leur sont-elles proposées.

Publiée en mai 2017 par Libération, la tribune est signée de personnalités de tous horizons. De l’ancien ministre Bernard Kouchner à l’écrivain Daniel Pennac, du généticien Axel Kahn à la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, tous disent leur détermination à rester chez eux jusqu’à la fin de leurs jours. Et constatent avec inquiétude que « cette volonté, pour farouche qu’elle soit, finit par compter pour du beurre quand domine l’inquiétude de la famille, des proches ou de soignants. Ils interviennent alors, en ordre dispersé ou de concert, pour persuader qu’il est temps de voguer vers l’Ehpad ou tout autre établissement du même genre. Là où la liberté et l’autonomie sont, disons… encadrées. » Une préoccupation largement partagée : selon un sondage publié en mai dernier, 80 % des Français, et 92 % pour les 65 ans et plus, attendent des politiques publiques qu’elles soutiennent le maintien à domicile. Vivre dans son environnement familier avec ses repères et ses souvenirs, choisir son rythme de vie et ses activités, pouvoir aller et venir à sa guise, recevoir ses proches selon ses envies, autant de raisons de préférer rester chez soi le plus longtemps possible. Un souhait d’autant plus prégnant que beaucoup n’envisagent qu’une alternative : « Quand on affirme vouloir vieillir à la maison, cela signifie en réalité qu’on ne veut pas vieillir en Ehpad », analyse Luc Broussy, expert du grand âge et auteur d’un récent rapport sur l’adaptation des logements et des territoires à la transition démographique. La gestion de la pandémie avec l’interdiction des visites dans ces établissements et ses conséquences catastrophiques sur la santé physique et/ou mentale des résidents et des proches n’a fait qu’accentuer cette crainte, encore renforcée par le récent scandale sur la maltraitance dans les Ehpad Orpea. Heureusement, d’autres solutions existent. À chacun de choisir celle qui est le plus en adéquation avec son caractère, ses désirs et ses possibilités.

RESTER DANS UN LOGEMENT CLASSIQUE

Au prix de quelques aménagements, demeurer chez soi est souvent envisageable. En revanche, si l’on habite une maison à étages ou isolée, accessible uniquement en voiture, cette solution idéale devient peu réaliste. On peut alors songer à un déménagement, qui sera d’autant plus réussi qu’il aura été anticipé.

Aménager…

Il existe de nombreuses solutions pour adapter son logement, que ce soit en entreprenant des travaux (douche, placards plus accessibles, chemins lumineux) ou en investissant dans des équipements et ustensiles qui facilitent la vie. Si vous relevez de la caisse de retraite complémentaire Agirc-Arrco, vous pouvez demander à bénéficier, pour 15 €, du diagnostic « Bien chez moi ». Une ergothérapeute (cette profession comporte 86 % de femmes) viendra à votre domicile pour un état des lieux. Elle vous fournira ensuite une synthèse de ses préconisations avec des fourchettes de prix et des informations sur les aides financières. L’association Soliha propose à tous le même type de prestation menée uniquement par des ergothérapeutes spécialisées dans le logement avec, par la suite, un accompagnement technique (lecture des devis, choix des artisans) et financier. Mais s’il n’en coûte rien aux plus modestes, les ménages aisés doivent payer un montant qui varie selon les départements et peut atteindre plusieurs centaines d’euros. Pour les Franciliens ou les personnes de passage à Paris, il existe aussi une sorte d’appartement-témoin très intéressant, qui présente les nombreux aménagements et dispositifs permettant de préserver l’autonomie. Géré par les caisses de retraite, cet « Espace idées bien chez moi » se visite sans rendez-vous.

Pour aider à financer les travaux importants, certaines aides publiques sont disponibles, mais elles demeurent peu lisibles et ne sont pas centralisées. Le gouvernement planche donc sur un dispositif nommé MaPrimeAdapt’, inspiré de l’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’. À suivre.

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… ou déménager

Lorsque le logement n’est pas compatible avec les contraintes liées à l’âge, l’une des solutions est de déménager dans un autre mieux équipé, que ce soit à proximité de son ancien domicile – l’intérêt est alors de conserver son réseau de connaissances – ou ailleurs. Des températures clémentes, un environnement naturel à votre goût ou encore la proximité de proches peuvent vous inciter à voguer vers d’autres cieux. Une décision à mûrement réfléchir, notamment parce qu’il n’est pas toujours facile de se faire de nouveaux amis, surtout lorsqu’on ne travaille plus. De plus, le choix d’une ville où passer ses vieux jours doit tenir compte des préoccupations spécifiques aux seniors. L’offre en matière de commerces et de services publics, notamment ceux liés à la santé, est-elle suffisante ? Ces commodités sont-elles facilement accessibles sans voiture ? Le réseau de transport en commun couvre-t-il les quartiers qui vous intéressent ? Une offre d’activités culturelles ou sportives adaptées est-elle proposée ? Les trottoirs sont-ils larges et bien entretenus ? Autant de questions à se poser, sans forcément s’arrêter à la physionomie actuelle de la commune : des évolutions sont possibles, qui peuvent la rendre plus attractive. C’est le cas notamment si la collectivité bénéficie des programmes « Petites villes de demain » ou « Action cœur de ville ». La mairie pourra vous renseigner sur les évolutions prévues. En revanche, impossible de se prononcer sur le label « Ville amie des aînés » : les critères à respecter pour l’obtenir ne sont, bizarrement, pas publics.

Bon à savoir. Si vous devez déménager parce que des contraintes financières vous ont fait renoncer aux travaux, sachez que les bailleurs sociaux proposent de plus en plus d’appartements adaptés. Vous pouvez demander à en bénéficier, que vous soyez déjà locataire du parc social ou même – à supposer que vos revenus soient compatibles et que la zone géographique convoitée ne soit pas trop tendue – si vous habitez dans le parc privé. Qui ne tente rien…

CHEZ SOI, PRÈS DES AUTRES

Éloignement des enfants, perte des amis, veuvage : nombre de personnes âgées souffrent de solitude. Certaines structures permettent de rompre l’isolement, pourvu qu’on soit encore relativement en forme.

Les résidences seniors et résidences autonomie

Se sentir en sécurité, bénéficier d’un logement adapté au grand âge, mais aussi rencontrer de nouvelles personnes, autant de raisons d’opter pour une résidence seniors. Chacun est locataire (le plus souvent) ou propriétaire de son appartement (là encore, le plus souvent, car il existe aussi des maisons) intégré à la résidence et peut faire appel à sa guise aux services proposés : ménage, blanchisserie, restaurant, coiffeur, cours de sport adaptés, sorties culturelles ou animations diverses, etc. Les prestations varient selon les cas : peuvent être proposés une intervention pour de menus travaux, la présence d’une personne 24 h/24 en lien avec les téléalarmes des résidents, l’accompagnement pour des sorties en ville, etc. La possibilité de lier connaissance au travers des diverses activités est en général très appréciée. Cela dit, les témoignages que nous avons recueillis varient de l’enthousiasme débordant à la déception profonde. Mieux vaut donc visiter la résidence convoitée à différents moments et discuter avec ses habitants avant de se décider. En outre, cette solution n’est pas à la portée de toutes les bourses : en contrepartie de l’offre de services, les charges sont élevées. Proposant le même genre de configuration, les résidences autonomie, en quasi-totalité gérées par le secteur public ou privé non lucratif, facturent des loyers plus raisonnables : en 2019, environ 600 à 700 € pour un studio et 800 € pour un deux-pièces, avec de fortes disparités. Une liste de services obligatoires est imposée : restauration, blanchisserie, accès à Internet, téléassistance, actions de prévention de la perte d’autonomie, etc. Cependant, le parc est globalement ancien et en grand besoin de rénovation.

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L’habitat inclusif

La loi l’a défini en 2018 comme « destiné aux personnes handicapées et aux personnes âgées qui font le choix, à titre de résidence principale, d’un mode d’habitation regroupé, entre elles ou avec d’autres personnes […] assorti d’un projet de vie sociale et partagée ». Le législateur a pris conscience des souhaits communs à de nombreux seniors : être acteurs de leur vie et libres de leurs mouvements sans faire l’impasse sur la convivialité. De nombreuses initiatives éclosent sur tout le territoire, notamment portées par des acteurs du logement social. Les appartements sont adaptés au grand âge et des espaces communs sont supposés inciter à se retrouver à l’occasion d’animations programmées ou de façon plus informelle. Les services incluent parfois une présence 24 h/24, des visites de courtoisie, des petits travaux de bricolage, voire des aides à la personne : toutes les configurations existent. Soit les résidences sont réservées aux seniors, soit elles sont intergénérationnelles avec un pourcentage d’appartements qui leur sont dédiés. Ces structures récentes sont souvent en rodage, mais elles sont amenées à se développer et à s’améliorer. Là encore, si l’une d’entre elles vous tente, renseignez-vous sur son projet et sur la satisfaction des habitants. Citons aussi les béguinages, ensembles de logements contigus présents dans le nord de la France depuis des années. En général, l’aspect collectif se résume à une salle commune où partager des activités ou un repas et une personne est chargée d’assurer l’animation, de rendre quelques services et de rassurer les résidents par ses visites régulières.

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QUAND LA DÉPENDANCE S’INSTALLE

Même en cas de perte importante d’autonomie, l’Ehpad n’est pas la seule destination envisageable. Trois autres propositions se développent pour répondre aux attentes d’une génération qui n’envisage pas d’y finir ses jours.

L’habitat partagé accompagné

Si la colocation est en vogue pour les étudiants, elle peut aussi être adaptée aux seniors. Le pionnier de cette formule, et de loin l’acteur le plus important, est Âges & Vie (lire notre reportage sur la maison Âges & Vie d’Ouges, en Côte-d’Or). Il propose des logements où 7 ou 8 résidents disposent d’une grande chambre avec salle de douche et toilettes (environ 30 m2) en rez-de-chaussée, avec une porte-fenêtre donnant accès à l’extérieur. Ils partagent un vaste espace commun réunissant salon, salle à manger et cuisine. Les résidences sont systématiquement jumelles (14 à 16 personnes âgées en tout) et 6 auxiliaires de vie y assurent l’aide à la toilette, la préparation des repas, le ménage, l’entretien du linge, l’organisation des animations et une présence de nuit, chacun étant muni d’un médaillon de téléalarme. Les chambres sont aménagées selon le goût des résidents, avec leurs propres meubles s’ils le souhaitent. Deux principes encadrent la vie quotidienne. D’abord, laisser le plus de liberté possible aux seniors qui organisent leur journée comme ils l’entendent (heure de lever, visites, etc.), avec pour seule obligation de partager le déjeuner et le dîner avec les autres colocataires. Ensuite, maintenir leur autonomie en les incitant à participer à la vie de la maison, par exemple en aidant à la préparation des repas. Les personnes handicapées sont les bienvenues, seules les pathologies susceptibles de mettre en danger l’individu ou son entourage font obstacle à l’admission. Âges & Vie annonce un coût moyen de 1 600 €, une fois versées les aides type allocation personnalisée d’autonomie (APA). À noter que des initiatives similaires destinées spécifiquement aux personnes atteintes de troubles cognitifs, Alzheimer notamment, essaiment ici ou là.

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L’accueil familial

Peu connue, cette solution consiste à aller vivre dans une famille qui prend en charge la toilette, les repas, le ménage et l’entretien du linge. En théorie, la personne accueillie participe à la vie quotidienne de la famille qui lui propose des activités susceptibles de préserver son autonomie et de maintenir le lien social. L’accueillant doit être agréé par le Conseil départemental. Les deux parties signent un contrat qui précise les modalités matérielles, humaines et financières de l’accueil. « Cette famille » est une des structures qui proposent ce type d’hébergement. Selon son fondateur, l’organisme sélectionne soigneusement les familles et en a agréé seulement 5 000 sur les 10 000 existantes. Après un entretien approfondi sur les desideratas de la personne âgée, il la met en relation avec les accueillants potentiels, puis assure la gestion administrative. Ceci contre la somme de 34,90 €/mois, qui peut être prise en charge par la caisse de retraite. Pour l’accueil, l’entreprise annonce un coût moyen de 1 500 à 1 800 €/mois, ramené à 1 100 € une fois les aides sociales versées. Les Conseils départementaux sont supposés assurer le suivi, mais il n’existe pas d’obligation quant à la périodicité des visites de contrôle. Si cette lacune peut faire penser aux dérives de l’Aide sociale à l’enfance, la situation est un peu différente : la personne accueillie a son mot à dire et, si elle n’est plus en état de le faire, sa famille, qui peut lui rendre visite librement, saura s’alarmer en cas de problème. Malheureusement, pour différentes raisons, l’offre est très hétérogène selon les départements.

L’Ehpad à domicile

Si cette proposition n’en est pour l’instant qu’à ses balbutiements, elle a fait l’objet d’expérimentations concluantes et est amenée à se développer. Il s’agit de permettre le maintien à domicile, mais sous la houlette d’un Ehpad. Après une évaluation des besoins, une personne issue de cet établissement coordonne l’ensemble des intervenants : infirmier, auxiliaire de vie, kiné, médecin traitant, etc. De quoi grandement soulager les aidants. Des services sont inclus : téléassistance, installations domotiques type chemin lumineux, menus travaux, astreinte infirmière de nuit, etc. La personne concernée peut être accueillie à l’Ehpad à son gré pour des animations, des consultations, des repas, etc. En cas de besoin, elle y est admise en urgence. Impossible, à ce stade, de donner une idée du coût.

Au terme de ce panorama des solutions, et au vu des nombreux entretiens menés auprès d’experts du dossier, une conclusion s’impose. Quelle que soit la décision prise, y compris celle, parfois, de finalement opter pour un Ehpad, elle ne sera satisfaisante que si vous prenez le temps de la mûrir. Être obligé de choisir en urgence, parce qu’on est tombé une fois de trop ou que l’on sort de l’hôpital et qu’on ne peut rentrer chez soi seul, restreint le champ des possibles. Alors, anticipez !

Où se renseigner ?

Maintien à domicile 

Des Centres d’information et de conseil sur les aides techniques sont disponibles dans une vingtaine de départements.

  • Soliha.fr
  • Espace idées bien chez moi : 01 71 72 58 00

Résidences services seniors

Domitys est de loin la société dont l’offre est la plus large, suivie par Les Senioriales, Les Girandières, Les Jardins d’Arcadie, Les Villages d’or, Les Hespérides, etc.

Colocations seniors

Accueil familial

Cohabitation intergénérationnelle

Habitat participatif

Pour toutes les solutions, vous pouvez aussi vous adresser au Centre local d’information et de coordination le plus proche de chez vous et consulter le site Pour-les-personnes-agees.gouv.fr qui propose notamment des annuaires, par exemple celui des résidences autonomie (tapez le code postal plutôt que le nom de la commune). N’oubliez pas que votre caisse de retraite peut aussi vous guider dans la jungle des sources d’informations et des services existants.

Cohabitation intergénérationnelle • Un jeune, un vieux

Nombreux sont les seniors qui disposent d’un logement surdimensionné. À l’inverse, les jeunes, en particulier les étudiants, ont de plus en plus de mal à se loger. Avec la cohabitation intergénérationnelle, les uns mettent une partie de leur habitation à la disposition des autres. À la clé, pour la personne âgée, un lien social maintenu, une présence rassurante et parfois une aide bienvenue ; pour le locataire, de substantielles économies. Car la contrepartie financière doit être « modeste », selon la loi Élan qui a donné, en 2018, un cadre à cette forme de cohabitation, en la réservant aux moins de 30 ans et aux plus de 60 ans. Lorsque ces derniers sont locataires, ils doivent informer le bailleur de l’intention de sous-louer dans ce cadre, sans qu’il puisse s’y opposer. En général, les contrats courent sur une année scolaire, mais si les choses ne se passent pas au mieux, chacun peut y mettre fin avec un préavis de 1 mois. Des associations comme Cohabilis ou Ensemble2générations mettent en relation les personnes intéressées et prévoient le plus souvent différentes formules : plus l’engagement du jeune est poussé, plus sa participation financière diminue. Cependant, il doit avant tout du temps de présence et de menus services : à ne pas confondre avec une aide à domicile.

Témoignage

Madame D. a expérimenté la cohabitation intergénérationnelle pour son père. « Nous avons choisi cette solution car nous craignions une chute, nous étions inquiets de le savoir seul la nuit, et puis nous voulions nous assurer qu’il mangeait régulièrement, raconte-t-elle. Le premier étudiant n’a pas bien convenu, non qu’il ait un défaut rédhibitoire, mais sa présence agaçait notre père. Néanmoins, nous nous sommes sentis obligés de le garder jusqu’à la fin du contrat. On ne voulait pas le mettre dans une situation délicate et on n’était pas sûrs que l’association Ensemble2générations ait une foule de prétendants à nous présenter. Étonnamment, celle-ci ne nous a d’ailleurs jamais interrogés sur notre satisfaction, y compris quand nous avons dit que nous ne souhaitions pas reconduire le contrat. Heureusement, la même association nous a ensuite présenté un autre étudiant qui s’est révélé une perle. Il a fait plus que demandé et comprenait avec beaucoup de tact les moments où notre père souhaitait qu’il lui tienne compagnie ou non. Il savait le faire parler, de ses souvenirs ou autre, alors que c’est un homme qui était devenu très peu disert. Pendant le premier confinement, il nous a sauvés : nous étions rassurés de savoir que notre père n’était pas seul et il a organisé les appels en visioconférence. Il a vraiment adouci la dernière année de notre père avant son départ pour l’Ehpad. »

Habitat participatif • Un pari sur la solidarité

C’est parce qu’ils « caressent l’espoir de rester maîtres de [leur] destin jusqu’au bout » qu’Antoine Rophé, des membres de sa famille et des amis se sont lancés dans un projet d’habitat participatif. Un type de structure de plus en plus en vogue qui consiste, tout en habitant chacun chez soi, à partager et gérer ensemble des locaux communs, mutualiser les coûts, développer des activités collectives et surtout diverses formes d’entraide. « En 2014, quand nous avons créé une association ayant pour objet “vieillir ensemble”, tout était à construire, raconte ce médecin sexagénaire varois. Très vite, le but n’étant pas de se retrouver tous à 85 ans potentiellement dépendants, on a ouvert sur d’autres générations. » Les nouveaux membres ont été cooptés sur la base de l’adhésion à un état d’esprit fondé sur le partage. La construction de l’ensemble situé à Draguignan (83) a débuté en novembre dernier. Sur un terrain de 3 ha en pleine nature, doté d’une superbe oliveraie, se côtoieront 20 logements et des locaux communs : 2 ateliers pour continuer à pratiquer la musique et les arts plastiques, 4 chambres d’amis et 1 cuisine ouverte sur une vaste salle pour pouvoir partager des repas de temps à autre. Sans oublier la piscine. Tout cela pour le prix au mètre carré d’un logement classique dans le secteur.

Trouver un terrain, élaborer une charte, décider de la configuration des lieux, se former aux aspects juridiques et financiers, à la gouvernance d’un tel groupe : l’investissement en temps et en énergie a été considérable. Il nécessite aussi certaines prédispositions. « Heureusement, chacun a des compétences utiles, se réjouit Antoine Rophé. Les uns maîtrisent l’architecture, d’autres sont rompus aux aspects financiers, moi-même je me suis occupé du côté médical… » Avec l’avancée en âge, celui-ci risque de devenir prégnant. Aussi, tous les logements sont accessibles aux personnes à mobilité réduite. La solidarité du groupe est supposée remédier aux problèmes tels que le renoncement à conduire de tel ou telle. Pour les plus dépendants, c’est là encore la mutualisation qui devrait offrir une solution. Une colocation de 6 personnes handicapées qui fonctionne déjà dans cet esprit occupera des logements. En mettant en commun leurs aides financières, elles parviennent à disposer d’aidants salariés 24 h/24 : un la nuit et plusieurs pendant la journée. Le même système sera appliqué aux personnes âgées dépendantes. Un exemple convaincant de ce nouveau type d’habitat porteur d’espoirs pour ceux qui sont prêts à s’investir sur la durée.


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