lundi 24 janvier 2022

Le DSM inadapté pour la prise en charge des phobies, selon un psychiatre brésilien

Dr Reinaldo Hamamoto, Dr Sivan Mauer  4 août 2021

São Paulo, Brésil ― Quel diagnostic poser face aux manifestations de phobies et quelle prise en charge envisager? Dans une interview publiée dans l’édition portugaise de Medscape, le Dr Sivan Mauer, psychiatre à São Paulo (Brésil), rappelle que la phobie est bien souvent le symptôme d’une pathologie sous-jacente, qui se révèle parfois bien plus grave qu’un simple état anxieux. Il critique au passage le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) qui, selon lui, propose une démarche diagnostique erronée, basée essentiellement sur la symptomatologie, alors que l’évolution de la maladie doit aussi être prise en compte. Il appelle à une autre approche, axée sur la clinique, qui permettrait de limiter le recours aux antidépresseurs, bien trop souvent prescris de manière inadaptée.

Medscape : Le sujet des phobies suscite beaucoup d’intérêt. Quelle est votre expérience dans la prise en charge des patients atteints de ce type de troubles?

Dr Sivan Mauer: Effectivement, on s’intéresse beaucoup aux manifestations de phobies rares, comme en témoignent les articles de presse et les films qui abordent le sujet. Pour autant, la phobie n’est pas un motif fréquent de consultation en psychiatrie clinique. En général, les patients viennent consulter parce qu’ils ne se sentent pas bien dans des espaces ouverts, qu’ils ont peur de voyager en avion, ou de certains animaux comme les chiens ou les araignées.

Les phobies doivent être considérées comme un symptôme, la partie immergée de l'iceberg d'un diagnostic forcément plus large lorsque la psychiatrie est abordée de manière clinique.

Tout d’abord, il faut bien comprendre qu’une phobie est un trouble anxieux. Comme le décrit Emil Kraeplin [psychiatre allemand fondateur de la psychiatrie moderne, ndr], l’anxiété est une conséquence, le symptôme clinique d’un processus pathologique [1]. Dans la plupart des cas, les phobies sont des réponses à un danger sur lequel il n’y a pas de contrôle possible. On peut tenter d’expliquer que le risque de décéder en voiture est bien plus important qu’en avion, mais cela n’a aucun effet, car une voiture peut être stoppée pour mettre fin au danger, alors que ce n’est pas le cas en avion. La phobie la plus souvent rencontrée est la phobie sociale, qui se caractérise par une difficulté à interagir avec autrui ou à s’exprimer en public. Qu’elles soient communes ou rares, les phobies doivent être considérées comme un symptôme, la partie immergée de l’iceberg d’un diagnostic forcément plus large lorsque la psychiatrie est abordée de manière clinique.

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