lundi 3 janvier 2022

Contre l’obsolescence programmée et le tout-jetable, le succès grandissant des Repair Cafés

Par   Publié le 02 janvier 2022

Apparus aux Pays-Bas à la fin des années 2000, ces ateliers de réparation bénévoles ont essaimé partout dans le monde. On en compte aujourd’hui 350 en France.

Dans ce Repair Café, à Comines (Nord), ici le 12 juin 2021, il est possible de faire réparer ses appareils ménagers pour allonger leur durée de vie.

En ce dernier samedi de l’Avent, les Parisiens se pressent dans les boutiques pour leurs ultimes achats de Noël. Mais dans les locaux de l’association le Pari’s des faubourgs, situés en plein cœur du 10earrondissement de Paris, à la place de l’ancienne prison Saint-Lazare, l’ambiance est tout autre. Depuis trois ans, cette association de quartier héberge une fois par mois un atelier de bricolage d’un genre un peu particulier : un Repair Café.

Inventé aux Pays-Bas à la fin des années 2000 par une militante écologiste pour lutter contre l’obsolescence programmée et la culture du tout-jetable, le concept essaime partout dans le monde. Aujourd’hui, 2 234 Repair Cafés sont recensés dans une quinzaine de pays différents, dont 350 en France. Le principe : des bénévoles, tous bricoleurs à leurs heures, fournissent gratuitement des services de réparation à des usagers impuissants face à un appareil qui a rendu l’âme.

Ce jour-là, six bénévoles sont venus prêter main-forte. Expert-comptable, électronicien, ancien artisan en bâtiment… Les profils sont variés. « Nous nous répartissons les dossiers en fonction de nos compétences, et passons beaucoup de temps sur les tutos », raconte Emmanuel, l’un d’eux. « Bien souvent, on se rend compte que les gens n’ont même plus l’idée de démonter le produit pour essayer de comprendre ce qui ne fonctionne pas, ajoute Didier, ancien physicien chercheur à la retraite. Or, avec un peu de connaissances et du bon sens, la plupart des pannes sont assez facilement réparables. »

« Peur de se faire arnaquer »

Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), 90 % des appareils électriques et électroniques pourraient en effet être réparés, contre 40 % dans la réalité, la majorité des gens privilégiant l’achat d’un produit neuf. Pour les participants, qui affichent tous un souci marqué de la planète, les Repair Cafés sont aussi une réponse au manque de réparateurs professionnels, et à la « peur de se faire arnaquer ». Avant de s’inscrire pour une enceinte connectée dont le port USB a été arraché, Christophe est allé chez un réparateur dans le 17e arrondissement de la capitale. « Estimant qu’il n’y avait rien à faire, il m’a proposé de m’en vendre une autre », relate-t-il. Ce samedi, il repartira content avec une enceinte comme neuve, pour seulement 5 euros (en dédommagement du matériel).

Toutes les histoires ne se terminent pas aussi bien. Adepte du concept, Marion a déjà fait deux cafés pour sauver la minichaîne que son père s’apprêtait à jeter. Mais ce soir, Emmanuel est formel : l’appareil n’est pas récupérable. A la fin de la journée, le bilan reste satisfaisant. Sur les dix-sept objets en panne, neuf ont été réparés, et quatre sont en cours. Soit 30 kg d’objets qui ne finiront pas sous le pilon.


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