samedi 24 avril 2021

Au bout de la vie

LE 17/04/2021

À retrouver dans l'émission

RÉPLIQUES

par Alain Finkielkraut

Alors que leurs héros respectifs sont confrontés à la vieillesse et à la maladie, les romanciers Pierre Guerci et Paulina Dalmayer interrogent singulièrement l'impératif de cette urgence de vivre. 

Vue aérienne
Vue aérienne Crédits :  Abstract Aerial Art - Getty

"Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder fixement" écrivait La Rochefoucaud en un siècle où la religion prétendait pourtant avoir retiré à la mort son dard venimeux et prenait le trépas au mot en le présentant comme un passage, comme un changement de domicile. Depuis lors, la santé a définitivement prévalue sur le salut. La longévité est devenue, au détriment de l'éternité, à laquelle il est de plus en plus difficile de croire, la valeur majeure. On a assisté, comme le dit Michael Walzer, à un lent développement de l'intérêt pour les soins médicaux et à une lente érosion de l'intérêt pour les soins religieux. De la mort, qui ne se peut regarder fixement et dont ils pensent pour la plupart qu'elle n'a pas de lendemain, les Modernes s'emploient avec succès à retarder l'échéance. Mais ce succès pose lui-même des problèmes imprévus. A la peur de mourir s'ajoute aujourd'hui, selon l'expression suggestive de Noëlle Chatelet, la "peur de mal mourir". La longue et douloureuse fin de vie n'est pas moins terrorisante que la fin de la vie : elle non plus ne peut se regarder fixement. Deux écrivains ont décidé de tenter l'impossible et de regarder l'irregardable : Paulina Dalmayer dans Les Héroïques et Pierre Guerci dans Ici-bas. La lecture de ces deux romans est éprouvante et en même temps salutaire ; ils n'éludent rien et leurs descriptions sont terribles, mais c'est précisément le rôle de la littérature d'affronter la réalité aussi prosaïque qu'elle puisse être, sans tricher, sans se payer de mots.

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Programme de soins psychiatriques sans consentement - mise en oeuvre

OUTIL D'AMÉLIORATION DES PRATIQUES PROFESSIONNELLES - Mis en ligne le 21 avr. 2021

À l’issue d’un épisode d’hospitalisation complète sans consentement, il peut être proposé au patient un programme de soins psychiatriques sans consentement.

La HAS propose un guide pour aider les équipes psychiatriques de secteur et les professionnels de proximité à prendre en charge les patients qui bénéficient de ces programmes.

Ce guide s’adresse aux équipes soignantes de secteur psychiatrique, directeurs des établissements assurant une activité de psychiatrie, au médecin traitant, infirmier libéral psychologue et psychiatre libéral, professionnels exerçant dans le secteur social et médicosocial (SAMSAH, SAVS, foyers postcure, etc).

Pour rappel, le dispositif de soins sans consentement issu de la loi du 5 juillet 2011 a introduit la possibilité de soins sans consentement dispensés au patient sous une autre forme que l’hospitalisation complète, dans le cadre de « programmes de soins psychiatriques sans consentement » (PDS).

En 2018, près de 42 000 patients ont été suivis dans le cadre d’un PDSP en France.

Un guide avec 44 préconisations et 3 outils

Ce guide de bonnes pratiques professionnelles contient près de 44 préconisations, suivies de trois outils pratiques pour aider les professionnels à mettre en œuvre ces programmes et à s’assurer de son suivi :

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Vers une actualisation du décret infirmier

 

Le Haut conseil des professions paramédicales (HCPP) a confirmé l’ouverture prochaine de travaux pour actualiser le décret infirmier. Une annonce saluée par l’Ordre national des Infirmiers (ONI). Patrick Chamboredon, son président, livre ses explications à ce sujet.

Quel est l’intérêt d’actualiser le décret infirmier dans sa forme actuelle ?

C’est indispensable, le texte actuel est très ancien, il date de 2004, et n’a pas intégré les dernières évolutions de la profession.

Certains actes sont devenus courants dans la pratique des infirmiers, pourtant ils ne sont ni valorisés, ni reconnus.

Par exemple la consultation infirmière est un pivot de la prise en charge du patient, mais c’est un acte invisible aujourd’hui. D’autre part il y a des incertitudes sur ce qu’on peut faire ou non dans notre exercice quotidien, et où sont les limites.

Ces travaux font partie d’un processus global, entamé par le Ségur de la santé. Aujourd’hui la profession infirmière est l’une des dernières à se rendre au domicile des patients, elle doit être prise en compte à la hauteur de ce qu’elle représente pour la population, et des services qu’elle rend au quotidien. C’est dire l’importance de ne pas perdre de temps.

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Surmenage, harcèlement, suicide... À l’hôpital, des internes à bout de forces

par Léa Guedj  publié le 

Depuis quelques jours, la fatigue des internes confrontés à une surcharge de travail liée au Covid reçoit une attention particulière. Mais le phénomène d'épuisement, et parfois de harcèlement, dont ils sont victimes et qui pousse certains jusqu'au suicide, existe depuis bien longtemps.

Samedi 17 avril, un hommage silencieux aux internes qui ont mis fin à leurs jours a été rendu devant le ministère de la Santé, à Paris.
Samedi 17 avril, un hommage silencieux aux internes qui ont mis fin à leurs jours a été rendu devant le ministère de la Santé, à Paris. © AFP / Benoît Durand / Hans Lucas

Il y a un suicide tous les 18 jours chez les internes, soit trois fois plus que dans la population générale, selon l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) qui a organisé samedi 17 avril, devant le ministère de la Santé, un hommage silencieux aux disparus.

L'internat, troisième cycle des études de médecine, débute sept ans après le bac et dure de trois à six ans selon les spécialités. La France compte un peu plus de 30.000 internes travaillant au sein de ses hôpitaux. Ils représentent 40% du personnel médical des établissements publics de santé. Mais certains d'entre eux n'arrivent pas au bout de leur apprentissage. Depuis le début de l'année 2021, cinq internes se sont donné la mort.

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La prise en charge de la santé mentale dans l'impasse

LUXEMBOURG

Suite à une nouvelle réunion concernant le remboursement de la psychothérapie, Fapsylux a quitté la table des négociations. La fédération représentant les psychothérapeutes indique n'avoir trouvé aucun accord avec la CNS.

En début de semaine, le président de la Caisse nationale de santé assurait que CNS et représentants des psychothérapeutes étaient parvenus à s'entendre sur «deux étapes» vers le remboursement de certaines prises en charge. Mais, ce vendredi, Christian Oberlé se retrouve sans partenaire face à lui : la fédération des associations représentantes des psychothérapeutes (Fapsylux) jette l'éponge. A l'issue d'une troisième réunion avec la Caisse jeudi, Delphine Prüm déplore «qu'aucun accord n'ait été trouvé».


Histoire Iconophagie, à voir et à manger

par Diane Lisarelli  publié le 23 avril 2021

Dans un livre érudit, l’historien de l’art Jérémie Koering met en lumière une pratique ignorée de sa discipline : l’iconophagie. De l’Egypte pharaonique au XXe siècle, il ausculte différentes pratiques qui consistent à boire, lécher, ou dévorer des images. Et porte une réflexion passionnante sur la nature même de la représentation.

De la vie de saint Bernard, guidée par la discipline la plus sévère, il est un épisode aussi fameux que déroutant. Priant un beau jour au pied d’une représentation de la Vierge à l’enfant, l’abbé de Clervaux voit Marie s’animer et trois gouttes de lait jaillir de la poitrine virginale… pour être projetées directement dans sa bouche, bée. Cette drôle d’histoire, bien qu’apparue deux siècles après la mort du vertueux Bernard de Clervaux s’est imposée comme une des représentations les plus populaires de la vie de ce promoteur cistercien qui rechercha l’amour du Christ par la mortification la plus dure. C’est aussi, explique Jérémie Koering, professeur d’histoire de l’art moderne à l’université de Fribourg, «le plus clair exemple de la transmission de la sagesse divine par l’absorption d’un liquide provenant d’une image».

“Les Nouvelles Figures de l’agir”, de Miguel Benasayag et Bastien Cany

Hannah Attar publié le 

Catastrophes écologiques, menaces épidémiologiques… Nous faisons face à des crises en cascade, et pourtant, nous restons bras ballants, comme tétanisés. Face à cette inaction, et en signe de résistance, le philosophe franco-argentin Miguel Benasayag et le journaliste Bastien Cany nous invitent à renouer avec notre désir d’agir dans Les Nouvelles Figures de l’agir (La Découverte, 2021). Ils en appellent à délaisser la figure de l’individu moderne, empêtré dans une rationalité sans prise sur le monde, pour penser à partir du vivant et de ce qui nous relie à lui. Également psychanalyste et ancien résistant guévariste, Miguel Benasayag nous présente sa pensée, qui s’articule autour de l’idée de « situation » : là où émergent les problèmes concrets et les solutions adéquates. L’action prend alors un sens nouveau, dans lequel « la liberté consiste à assumer ces chaînes en tant que liens, et d’agir depuis ces liens. »

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La déconstruction : attention, zone de chantier

Victorine de Oliveira publié le  

© iStockphoto

« Déconstruire notre propre histoire » afin de « lutter contre les discriminations et le racisme. » Cette déclaration d’Emmanuel Macron a été prononcée dimanche dernier lors d’une interview à la chaîne américaine CBS. Faisant écho au passé colonial de la France, sa proposition a soulevé l’indignation de personnalités politiques de droite et d’extrême droite : « Un président ne devrait pas dire ça. Son discours nourrit le discours indigéniste et racialiste », s’est ainsi offusqué sur Twitter le député LR Éric Ciotti.

« Déconstruire » : le mot semblait autrefois réservé aux universitaires et aux amateurs de Jacques Derrida, grand théoricien de ce concept. Mais désormais, on l’entend aussi dans la bouche de coaches en développement personnel et de militants féministes ou décoloniaux. Petite nouveauté, il ne s’agit plus uniquement de déconstruire un discours, mais d’appliquer à soi-même une forme de vigilance permanente. Méthode d’autocensure ou souci de l’autre ? Voici pourquoi la « déconstruction » connaît un renouveau aujourd’hui.

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vendredi 23 avril 2021

Le monde de la psychiatrie au bord du burn-out

Accueil - Delta FM

Les soignants en psychiatrie en colère contre le Gouvernement, contre l'ARS... (© DeltaFM)


Les soignants en psychiatrie n’en peuvent plus et le font savoir…

“L’euthanasie de la psychiatrie publique”. C’est le message martelé ce jeudi par la CGT de l’EPSM des Flandres, à Bailleul, établissement de santé mentale. Les soignants manifestent devant le site suite à plusieurs décisions terribles selon eux.

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Une histoire mondiale des femmes photographes par Textuel


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Publié par les Editions Textuel, le livre Une histoire mondiale des femmes photographes met à l’honneur 300 photographes qui ont fait l’histoire de cet art depuis 1839. (Photo d’ouverture : Couverture du livre © Pushpamala N.)

Alors qu’il y a quatre mois nous vous parlions de Femmes photographesle livre publié par Actes Sud mettant les femmes photographes à l’honneur, nous vous proposons aujourd’hui un nouvel ouvrage autour de cette même thématique urgente et nécessaire.

De l’invention de la photographie en 1839 jusqu’à l’orée du XXIe, cet ouvrage rend justice aux femmes artistes qui ont pris part à l’évolution de la pratique et de notre regard sur ce medium grâce au support de plus de 450 images.

1953_weems_3-940x944Carrie Mae Weems, Sans titre [Homme lisant le journal], série «La table de cuisine », 1990 © Carrie Mae Weems.
Des personnalités oubliées, effacées derrière des hommes encombrants, dont le mérite n’a que trop rarement été reconnu, sont enfin réunies dans un livre unique. Combien parmi elles ont vu leurs images être attribuées à leur mari ? Combien d’entre elles ont été reléguées au rôle dévalorisant de simple « muse » ?

De Lee Miller à Gerda Taro, en passant par Harriet Tytler, les photographes femmes sont partout et participent aux avancées techniques de l’art photographique. Saviez-vous, par exemple, que le premier livre photo jamais édité était signé par une certaine Anna Atkins en 1843 ? Que la solarisation dont la découverte est largement attribuée à Man Ray fut en fait aussi le résultat des expériences de Lee Miller ?

1864_benjamin_1-940x1197Frances Benjamin Johnson, Autoportrait dans l’atelier, 1896 © Library of Congress, Prints and Photographs Division, Washington, D.C

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Chasser la pauvreté, non les pauvres

par Guillaume le Blanc, Philosophe, professeur de philosophie à l’université de Paris publié le 23 avril 2021

En évinçant ATD Quart Monde du Conseil économique, social et environnemental, c’est la pensée et la parole des plus démunis que l’on écarte d’une institution hautement représentative de la nation, témoigne le philosophe Guillaume Le Blanc, proche de l’association. 

Existe-t-il un point commun entre les pauvres et les chasseurs ? Les uns et les autres auront le même nombre de sièges au Conseil économique, social et environnemental (Cese) dans le cadre de la réforme de ce dernier. Les associations engagées dans la lutte contre la pauvreté, passant de 3 à 2, rejoignent le nombre d’associations de chasseurs. Le siège d’ATD Quart Monde, présent dans ce conseil depuis 1979 et auquel on doit tant d’avancées dans la lutte contre la pauvreté, comme le rappelle dans une tribune récente l’historienne Axelle Brodiez-Dolino, est effacé de la structure.

Pierre-Henri Castel : “La santé mentale des jeunes dépend largement de leur environnement”

Océane Gustave publié le 

Le constat est sans appel : depuis plusieurs semaines, les enfants et les adolescents sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire sur le plan psychique. La succession des confinements et le sentiment d’isolement qui en découle en sont grandement responsables. Les tentatives de suicide chez les enfants ont été multipliées par deux depuis novembre, selon de nombreux pédopsychiatres. Pour comprendre cette situation inquiétante, nous nous sommes entretenus avec Pierre-Henri Castel, psychanalyste qui vient de publier Mais pourquoi psychanalyser les enfants ? (Éditions du Cerf, 2021). S’il insiste sur la souffrance actuelle des mineurs, il est aussi soucieux de rappeler que le traitement du mal-être psychique infantile est un enjeu de « socialisation primaire » qu’on ne saurait négliger.

Mais pourquoi psychanalyser les enfants ?

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A l’école, un faisceau d’indices dessine des inégalités selon l’origine ethnique


 



Par   Publié le 22 avril 2021

La sociologie scolaire parvient à démontrer une série de petites inégalités qui affectent les parcours des enfants issus de l’immigration. Mais les chercheurs insistent sur le fait que l’origine sociale est toujours le premier facteur en matière de trajectoires scolaires. 

« Ce n’est pas parce qu’on a cassé le thermomètre que le problème n’existe pas », résume Benjamin Moignard, professeur à CY Cergy Paris Université. L’image traduit le sentiment de nombre de spécialistes de l’école à l’égard du « tabou » entourant la question de l’origine ethnique dans le système scolaire. « Les seules informations disponibles sont les nationalités des élèves et de leurs parents, et encore, elles ne sont pas toujours précisées, abonde Maïtena Armagnague, professeure de sciences de l’éducation à l’université de Genève. Dès qu’un élève a la binationalité, il disparaît des statistiques en tant qu’étranger. » Comment l’école peut-elle, alors, évaluer le rôle des origines dans les trajectoires des élèves, et, partant, dans la construction d’éventuelles inégalités ?

Infirmier et futur anthropologue, Philippe Bonneels étudie la profession infirmière

 21 avril 2021

Philippe Bonneels, « infirmier professeur » en Belgique et étudiant en anthropologie, est l’auteur d’une étude sur l’existence de catégories au sein de la profession infirmière. A travers son exposé, il cherche à expliquer les difficultés de communication entre les infirmiers et les autorités politiques.

Philippe Bonneels a exercé pendant dix ans en tant qu’infirmier en Belgique, en Suisse et en France

Philippe Bonneels a exercé pendant dix ans 

en tant qu’infirmier en Belgique, en Suisse et 

en France. Formateur en activité, il termine

 à présent un master en anthropologie.


Au point de départ des recherches de Philippe Bonneels, un constat tiré de son expérience professionnelle : « Je me suis aperçu qu’on n’arrivait pas à se faire entendre en tant qu’infirmier », explique-t-il.

Cherchant à comprendre les difficultés de la profession à être écoutée, il s’appuie sur la fabrique des catégories, « la manière dont on se construit en tant qu’infirmier ou infirmière. »

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Entretien Monique Canto-Sperber : «Les adeptes de la parole sans tabous comme les nouveaux censeurs visent à installer une hégémonie sur la parole publique»

par Sonya Faure  publié le 21 avril 2021

Injures racistes ou sexistes, violences des réseaux sociaux : comment préserver la liberté d’expression, se demande la philosophe dans son dernier essai. Tous les propos sont admissibles, dit-elle, à condition que l’autre puisse répliquer, se défendre. Débattre en somme, sans oublier l’humour.

Nous la considérons comme l’une des valeurs ultimes de notre système politique, mais la liberté d’expression est-elle dépassée ? A redéfinir, en tout cas, selon Monique Canto-Sperber. Dans son dernier livre, Sauver la liberté d’expression (Albin Michel), la philosophe dit son inquiétude face aux dangers qui la menacent : d’un côté, la revendication d’une parole libre, et en réalité souvent raciste, sexiste ou antisémite ; de l’autre, la tentation d’une nouvelle censure au nom de nobles idéaux progressistes. Monique Canto-Sperber poursuit la tradition libérale et l’un des grands penseurs de la liberté de parole, John Stuart Mill (1806-1873), pour la définir en ces termes : «La liberté d’expression est la certitude que nous continuerons à nous parler et à nous surprendre.» Ou dit autrement : «Tous les propos sont admissibles, sauf s’ils n’ont d’autre but que de faire taire et d’anéantir tout débat.» Plutôt qu’une question de valeur ou de morale, la liberté d’expression est un équilibre, et ses limites doivent être définies à partir de la liberté de parole laissée aux autres, à leur liberté de répliquer.

La liberté d’expression vous semble-t-elle aujourd’hui menacée ?

Oui, car elle est prise en tenaille par deux courants. D’une part, la revendication du droit de tout dire, d’une parole libérée de tout tabou, qui se réclame du noble idéal de la liberté d’expression, avec ce qu’elle a d’incontestablement transgressif. La liberté d’expression sert ici à dédouaner des propos qui sont à la limite de l’incrimination pénale, surtout en termes de racisme et d’antisémitisme. Ce genre de parole se retrouve, sous une forme extrême, chez Alain Soral, mais parfois aussi, de façon plus suggérée, dans Valeurs actuelles ou CNews. Et, de l’autre côté, de nouvelles formes de censure.

Le maquillage : vérité, mensonge… ou magie ?

Clara Degiovanni publié le 

© Raphael Lovaski/Unsplash


« La beauté commence par la vérité. » Ce n’est pas une citation d’un philosophe inspiré, mais le slogan d’une récente publicité de crème pour la peau. Vendue comme un produit de « soin », cette crème est censée agir « de l’intérieur » : elle n’embellirait pas en corrigeant les éventuelles imperfections à la surface de la peau, mais en révélant notre éclat « naturel »Si la notion de « vérité » est de plus en plus mobilisée dans les discours publicitaires, particulièrement au rayon beauté, c’est parce que, inversement, les cosmétiques sont souvent perçus comme des artifices trompeurs, bien loin d’une quelconque « vérité intérieure ». Cette critique du maquillage comme mensonge ne date pas d’hier... Mais n’est-elle pas réductrice ? Et si le maquillage avait plutôt à voir avec autre chose encore ?

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Cannabis : peut-on dépasser les anathèmes ?

Paris, le samedi 24 avril 2021 – Cette semaine, l’AFP publiait les témoignages satisfaits des premiers patients ayant été inclus dans l’expérimentation française de la prescription de cannabis thérapeutique. Pour certains professionnels, le lancement de ce programme est une étape importante, même s’ils espéraient plus de célérité. C’était le sens d’une tribune publiée il y a deux mois dans le Monde par Eric Correia, élu local et infirmier anesthésiste qui pressait : « Il n’y a pas de juste milieu, plus d’interminables études à mener ni de coupables moratoires à appliquer. Juste un choix. Un simple choix, celui que tout décideur politique doit faire désormais, à l’aune de nos connaissances, de vérifications empiriques prouvant l’innocuité de ce cannabis médical tout autant que son aptitude à soulager les souffrances et les maux. A l’aune de la confiance que l’on voudra bien faire à des territoires ruraux qui, à l’instar de la Creuse, savent prendre leurs responsabilités et innover pour résister à la désespérance ». Cependant, se heurtant à ce qu’il voulait décrire comme une évidence médicale, il regrettait : « Il semble toutefois que le spectre d’une morale et d’une forme de bien-pensance plane sur le débat autour de cette plante et de ses molécules, bien davantage que quelque motivation juridique, scientifique ou institutionnelle que ce soit ».


Quel risque (juridique) à vacciner une personne de moins de 55 ans avec l’AstraZeneca ?

Paris, le samedi 24 avril 2021 - C’est une question embarrassante posée au ministre de la Santé à l’occasion de la conférence de presse du 22 avril : serait-il possible d’envisager, lors d’une séance de vaccination, d’injecter des doses du vaccin AstraZeneca à des personnes de moins de 55 ans, une fois la population plus âgée vaccinée. La réponse « de Gascon » est assumée : « si les autorités de santé disent que l’on peut désormais l’utiliser chez les personnes plus jeunes, on suivra les recommandations ».

En bottant en touche, le ministre de Santé évite (publiquement) d’apporter des éléments de réponse aux médecins et pharmaciens qui affrontent, parfois, le même dilemme en fin de journée : est-il autorisé de proposer à des personnes de moins de 55 ans les quelques doses de vaccins qui restent entre les mains des praticiens plutôt que de jeter un bien si précieux (que la France a éprouvé et éprouve encore le plus grand mal à obtenir) ? En filigrane, c’est bien la question de la responsabilité du professionnel de santé qui se pose.

Une réparation assurée par l’ONIAM

Quelques jours plus tôt, interrogé par BFMTV sur le sort à réserver aux flacons comprenant encore une ou plusieurs doses de vaccins, le ministre de la santé avait indiqué que le médecin disposait d’une « liberté de prescription » et soulignait que si « la règle est de vacciner dans la cible (définie par la HAS), la règle circonstancielle, c’est d’éviter que la moindre dose soit gâchée ».

Ainsi, il serait possible pour le médecin de vacciner une personne « hors-cible », le cadre défini par la HAS n’étant que des « recommandations ».

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Séjour dans l’ISS : une expérience médicale particulière

Paris, le samedi 24 avril 2021 – Un peu avant midi (heure française) notre pays et le monde entier retenait son souffle hier en voyant s’envoler depuis Cap Canaveral en Floride le lanceur Space X qui devait emmener l’astronaute français Thomas Pesquet et son équipe à bord de la Station spatiale internationale (ISS) que ce dernier commandera pendant six mois. L’émotion et la fierté suscitées par cette nouvelle étape dans l’histoire de la conquête spatiale n’étaient pas étrangères à la sympathie que suscite l’astronaute. « L'effet Pesquet est indéniable. Depuis sa première mission à bord de la station spatiale internationale (entre novembre 2016 et juin 2017), nous voyons un nombre croissant d’étudiants qui veulent voyager eux-mêmes dans l’espace car il a rendu cela plus atteignable. On voit aussi désormais des candidats qui ont un début de parcours dans la médecine, la biologie ou la psychologie puisque toutes ces connaissances sont nécessaires pour les vols habités » révélait pour France 3 Juan de Dalmau, le président de l’Université spatiale internationale, basée à Illkirch, près de Strasbourg (Bas-Rhin).

Mission Alpha

Les médecins et professionnels de santé partagent souvent cette ferveur, qui dans la communauté médicale n’est pas totalement désintéressée. En effet, une partie des travaux conduits par Thomas Pesquet à bord de l’ISS est directement liée à la compréhension de différents mécanismes physiologiques et pathologiques et à l’innovation médicale. L’astronaute français a ainsi expliqué au Parisien que dans le cadre de la mission Alpha : « Nous passerons 60 % de notre temps à mener des expériences. En médecine, par exemple, on travaille sur les cellules souches qui se développent différemment en impesanteur. On étudie des matériaux : les alliages, les mousses, les composites… ».

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Toutes les bonnes raisons du monde

Paris, le samedi 24 avril 2021 – C’est bien moins vrai aujourd’hui, mais dans les premières heures de la pandémie, beaucoup de médias avaient voulu mettre en exergue, face aux affres suscitées par la situation sanitaire, les élans de solidarité qui traversaient la société. Par ailleurs, une quasi mythologie s’était créée autour du dévouement des médecins et professionnels de santé (applaudis tous les soirs ce qui a été largement oublié), mais aussi de l’ensemble de ceux dits en « première ligne ». Cette ambiance ainsi façonnée a pu chez certains créer une forme de culpabilité ou de frustration de ne pas pouvoir prendre part de façon active à cette épreuve collective. Pour ces derniers, la possibilité de se porter volontaire pour participer aux essais cliniques d’évaluation de vaccins ou de médicaments a été une réponse à leur désir d’agir.

Des vaccins et des hommes

« Je ne suis ni médecin, ni chercheur. La seule manière que j’ai d’aider mes prochains et surtout mes enfants, c’est de participer à ce type de tests », expliquait ainsi en octobre dernier à 20 minutes Patrick, âgé de 46 ans, un des 50 000 Français qui se soient inscrits sur la plateforme Covireivac, lancée par l’INSERM. Ce sont très majoritairement des hommes (75 %), ce qui est un reflet de ce qui s’observe actuellement en ce qui concerne le recrutement de volontaires. « C'est assez classique dans les essais cliniques et cela ne fausse pas les résultats » relevait dans Sciences et Avenir le coordinateur de Covireivac Frédéric de Araujo. Il note qu’aux causes habituelles expliquant la sous représentation des femmes (impossibilité de participer en cas de projet de grossesse, prise de médicaments parfois incompatibles avec l’essai…) s’ajoute concernant la Covid « le fait que les médias ont beaucoup insisté sur le fait que le Covid-19 touche plus les hommes que les femmes. Ils se sentent donc particulièrement concerné ».

Les plus vulnérables répondent à l’appel

Les facteurs de risque, outre le sexe, font de fait partie des motivations des volontaires, qui souvent permettent de dépasser les appréhensions. « J'en parlai à des amis et des proches. Tous m'aidèrent à conclure que le risque d'un potentiel effet secondaire d'un vaccin pour une asthmatique comme moi serait moindre que le risque que je tombe malade du virus. Et je décidai de participer » a ainsi expliqué la journaliste Leila Macor auprès de l’AFP. Claude 81 ans note pour sa part « il est normal que des personnes âgées participent » répondant ainsi aux sollicitations de l’INSERM, soulignant l’importance de recruter des sujets de plus de 60 ans.

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