jeudi 23 décembre 2021

Souffrance.Ce qui se cache derrière les suicides de milliers de femmes au foyer indiennes

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Une femme au foyer se suicide toutes les vingt-cinq minutes en Inde. Les violences domestiques en seraient l’une des principales raisons.

Les chiffres sont alarmants : “22 372 femmes au foyer [indiennes] se sont suicidées l’année dernière”, apprend-on sur le site de la BBC. Cela équivaut à 61 suicides par jour, soit un toutes les vingt-cinq minutes, selon les chiffres officiels du ministère de l’Intérieur.

“Les femmes au foyer représentaient 14,6 % du total des 153 052 suicides enregistrés en Inde en 2020, et plus de 50 % du nombre total de femmes qui ont mis fin à leurs jours”, poursuit la BBC.

Les chiffres de 2020 ne font malheureusement pas figure d’exception. Depuis que le ministère de l’Intérieur a commencé à compiler des données sur le suicide selon les professions, en 1997, plus de 20 000 femmes au foyer se sont donné la mort chaque année.

Violences domestiques

“La violence domestique endémique serait l’une des principales raisons, […] ainsi que les corvées quotidiennes qui peuvent rendre les mariages oppressants et les foyers étouffants”, avance le site britannique.

“La plupart des filles sont mariées dès qu’elles ont 18 ans […]. La fille devient alors une épouse et une belle-fille et passe sa journée à la maison, à cuisiner, à nettoyer et à s’occuper des tâches ménagères”, explique Usha Verma Srivastava, une psychologue clinicienne de Varanasi, citée par la BBC. La plupart du temps, la jeune mariée indienne part vivre avec son époux dans sa belle-famille. “Toutes sortes de restrictions lui sont imposées, elle a peu de liberté et a rarement accès à son propre argent”, poursuit Usha Verma Srivastava.

Selon la BBC, des recherches indépendantes montrent qu’un tiers des femmes indiennes qui se suicident ont souffert de violences domestiques. “Mais les violences domestiques ne sont même pas mentionnées comme une cause de suicide dans les données officielles.”

Pandémie

“Beaucoup de femmes qui se trouvent confrontées à des violences domestiques parviennent à préserver leur santé mentale uniquement grâce au soutien informel”, explique à la BBC Chaitali Sinha, une autre psychologue. Mais la pandémie a privé les femmes des soutiens trouvés lorsqu’elles prenaient des trains de banlieue ou simplement lorsqu’elles allaient acheter des légumes dans le voisinage.

Pour les femmes plus âgées, les raisons qui peuvent les pousser au suicide sont différentes. Beaucoup sont victimes du syndrome du nid vide et souffrent de symptômes liés à la préménopause, selon docteur Verma Srivastava, pour qui ces suicides pourraient être évités.

“L’Inde enregistre le plus haut taux de suicide de la planète”, note la BBC. Et pourtant, les chiffres officiels sont largement sous-estimés, ils ne “permettent pas de mesurer l’ampleur du problème”, selon le psychiatre Soumitra Pathare.

Tabou

Ce dernier souligne aussi que “l’on ne discute pas du suicide ouvertement”, il est associé à la honte, et beaucoup de familles cherchent à masquer les suicides lorsqu’ils se produisent.

Alors que l’Inde travaille à une stratégie nationale de prévention contre le suicide, le docteur Pathare juge ainsi que la priorité est de travailler sur la qualité des données.


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