lundi 22 novembre 2021

« The Shrink Next Door », sur Apple TV+ : Paul Rudd et Will Ferrell dans une comédie noire psychanalytique

Par   Publié le 20 novembre 

Les deux acteurs cabotinent dans cette minisérie sur la relation abusive entre un psy et son patient.

Ike Herschkopf (Paul Rudd) et Marty Markowitz (Will Ferrell) dans « The Shrink Next Door ».

APPLE TV+ – À LA DEMANDE – MINISÉRIE

Inspirée d’un podcast lui-même tiré d’une histoire vraie, The Shrink Next Door met en scène un des pas de deux les plus intéressants du petit écran : le face-à-face entre un psychothérapeute (le shrink) et son patient. A en juger par la scène d’ouverture de la série, mettant aux prises un grand nounours grisonnant avec un vieux beau, qui semble avoir fait de lui son larbin, la cure ne s’est pas très bien passée.

Très loin du cabinet feutré d’En thérapie et des vertus consolatrices de la parole qui y est recueillie, The Shrink Next Door s’intéresse à ces cas, profondément névrotiques mais pas si rares, des analyses qui tournent à l’abus de faiblesse et à la manipulation.

Retour en arrière, vingt-huit ans plus tôt. Dans la communauté juive new-yorkaise, au début des années 1980, Marty et Ike sont, en quelque sorte, les deux faces d’une même médaille. Dans la peau du patient, Marty, Will Ferrell incarne un chef d’entreprise fragile, dépassé par les attentes qui pèsent sur lui : héritier d’un atelier de confection, il en gère timidement les salariés et l’avenir, tout en épaulant sa sœur Phyllis, mère célibataire de trois enfants et elle-même employée de l’entreprise.

Pigeon idéal

S’il se résout à consulter un psy pour calmer son anxiété et sa timidité, c’est aussi pour lui faire plaisir. C’est d’ailleurs elle qui l’aiguille vers Ike Herschkopf, un shrink qui prend ici les traits de Paul Rudd, c’est-à-dire rien moins que « l’homme le plus sexy du monde », comme l’a récemment décrété le magazine People. Ike aussi est complexé, mais différemment. D’extraction modeste et travaillé par une ambition démesurée, il repère en Marty le pigeon idéal.

Pendant les près de trente ans sur lesquels s’étirent les huit épisodes de The Shrink Next Door, Ike grignotera l’amitié et la confiance de Marty jusqu’à ce que celui-ci lui cède sa maison dans les Hamptons, le contrôle de son entreprise, des pans de plus en plus grands de sa fortune et, surtout, sa capacité de jugement. L’histoire, propice aux études de caractère outrancières, est vieille comme le monde. Et la version qu’en propose Georgia Pritchett, scénariste habituée de quelques salles d’écriture prestigieuses − The Thick of It, Veep, Succession –, n’évite la sensation de réchauffé que par les numéros d’acteurs qu’elle promet.

Charismatiques et charmants, Rudd et Ferrell proposent un savoureux duo d’ego maltraités, comme deux versions d’une même masculinité : conquérante ou terrifiée, mais obsédée par l’impératif de « réussir sa vie ». A force de se frotter l’un à l’autre, les deux acteurs n’échappent pourtant pas au cabotinage, à la grimace. La bande originale de la série, qui pourrait illustrer un téléfilm policier du mercredi après-midi, renforce un peu plus l’impression que la série en fait trop, y compris dans le décorum, pour pas grand-chose.

De façon prévisible, mais pas inintéressante, l’émotion est à chercher du côté des personnages féminins. A la passivité complice de Bonnie (Casey Wilson), la femme d’Ike, répond la fureur de Phyllis, interprétée à fleur de peau par Kathryn Hahn. Ce n’est sans doute pas un hasard si la série, déjà fragile de par son comique de situation répétitif, s’écroule lorsque son personnage en disparaît.

The Shrink Next Door, série créée par Georgia Pritchett. Avec Paul Rudd, Will Ferrell, Kathryn Hahn, Casey Wilson (EU, 2021, 8 × 35-50 min). Trois épisodes depuis le 12 novembre sur Apple T . V+, puis un épisode par semaine le vendredi

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