lundi 15 novembre 2021

MedinCell veut révolutionner la prise des médicaments

Par   Publié le 09 novembre 2021 

Spécialisée dans l’injection sous-cutanée à longue durée, la biotech développe avec l’israélien Teva un traitement contre la schizophrénie.

Usine Teva, à Jérusalem (Israël), en 2017.

C’est peut-être un tournant majeur pour le français MedinCell. Le laboratoire pharmaceutique israélien Teva a dévoilé, début novembre, lors d’un congrès de psychiatrie aux Etats-Unis, des résultats positifs de son étude pivot de phase III concernant son traitement contre la schizophrénie. Il s’agit de la dernière étape du processus d’évaluation clinique, avant une potentielle mise sur le marché de sa solution d’injection sous-cutanée à longue durée de rispéridone, développée en partenariat avec MedinCell.

Car la prouesse technologique de la pépite tricolore, fondée en 2002 à partir de l’invention de Michel Vert, chercheur au CNRS aujourd’hui retraité, réside surtout dans sa maîtrise des polymères biorésorbables, qui permet d’injecter sous la peau une « minipompe virtuelle ». Associée au principe actif du médicament, cette solution diffuse au patient la dose journalière programmée du traitement prescrit. « Le mélange visqueux forme un petit pois semi-solide sous la peau d’à peine quelques millimètres, qui va progressivement se dégrader et libérer le médicament », explique Christophe Douat. Dans le cas des injections de rispéridone, un antipsychotique administré de longue date aux patients atteints de schizophrénie, une piqûre tous les deux mois remplacerait ainsi la prise quotidienne de comprimés par voie orale.

« Manque d’observance des traitements »

Cela pourrait relever du simple confort, mais ce mode d’administration innovant constitue pourtant une avancée thérapeutique. Près de la moitié des personnes atteintes d’une maladie chronique ne suivraient pas leur traitement à la lettre, s’exposant ainsi, dans le cas de la schizophrénie, à des rechutes, ou, pour d’autres pathologies, à des conséquences encore plus graves. « Entre 20 % et 30 % des organes qui sont aujourd’hui transplantés le sont sur des patients qui ont eu des rejets par manque d’observance de leurs traitements », détaille M. Douat.

MedinCell n’est pas le premier à se lancer sur ce marché des injectables à action prolongée. Le laboratoire Janssen, filiale du géant pharmaceutique Johnson & Johnson, a déjà dans sa besace une gamme de solutions, fondées sur ce principe, à destination de la schizophrénie. Mais cette première génération de produits nécessite d’être injectée dans le muscle fessier, là où la technologie de MedinCell, moins douloureuse, requiert une piqûre sous-cutanée, avec une aiguille moins longue et plus fine. Un argument propre à rassurer les phobiques des piqûres.

L’entreprise poursuit en parallèle le développement d’un contraceptif d’une durée prolongée de six mois à destination des pays en développement

La biotech montpelliéraine (8,2 millions d’euros de chiffre d’affaires), cotée depuis 2018 sur la Bourse Euronext, mise sur la commercialisation de son premier produit avec Teva (deux autres sont en développement) pour propulser sa technologie. En cas de mise sur le marché, le laboratoire israélien lui versera 122 millions de dollars (105 millions d’euros), en plus des royalties sur les ventes. Pour pérenniser son développement, la société a créé une coentreprise avec le néerlandais Corbion pour la production des polymères nécessaires à la formulation des ses produits injectables.

L’entreprise poursuit en parallèle le développement de six autres programmes, dont un contraceptif à durée prolongée de six mois à destination des pays en développement, fruit d’un partenariat avec la Fondation Bill et Melinda Gates, mais aussi des traitements dans le cadre des transplantations d’organes, « où beaucoup prennent mal leur traitement », selon M. Douat, ou de la douleur et de l’inflammation après une chirurgie d’arthroplastie totale du genou, afin de réduire la prise d’opioïdes. « La technologie d’injectables permet de délivrer une dose moins importante, tout en restant aussi efficace que des comprimés, qui n’assurent pas une concentration aussi stable. La prise orale, c’est bien, mais c’est un peu l’âge de pierre ! », explique-t-il.



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