jeudi 11 novembre 2021

Joggeuse retrouvée vivante en Mayenne : qu’est-ce qu’un délit de «dénonciation imaginaire» ?

par Estelle Aubin  publié le 12 novembre 2021 

La procureure de Laval a annoncé que la jeune joggeuse retrouvée vivante en Mayenne qui a reconnu ce vendredi avoir menti sur son enlèvement allait être poursuivie en justice.

Dénouement de quatre jours de questions et d’inquiétude en Mayenne. La joggeuse de 17 ans retrouvée vivante a affirmé aux enquêteurs avoir menti, n’avoir jamais été enlevée lundi soir. Retrouvée vivante et balafrée vingt-quatre heures après sa disparition dans un kebab de Sablé-sur-Sarthe, l’adolescente a reconnu ce vendredi avoir fabulé. Elle n’a pas été victime d’un enlèvement, comme elle l’avait affirmé auprès des enquêteurs au lendemain de sa réapparition. Elle devrait être poursuivie pour délit de dénonciation imaginaire, a fait savoir ce vendredi dans un communiqué la procureure de Laval, Céline Maigné.

Six mois d’emprisonnement

Selon l’article 434-26 du code pénal, il s’agit du «fait de dénoncer mensongèrement à l’autorité judiciaire ou administrative des faits constitutifs d’un crime ou d’un délit qui ont exposé les autorités judiciaires à d’inutiles recherches». Un délit passible de six mois d’emprisonnement et de 7 500 euros d’amende.

Le mensonge de l’adolescente en rappelle d’autres. En juillet 2004 déjà, une jeune femme, non juive, prétendait avoir été victime d’une agression antisémite dans le RER D. Des jeunes issus de l’immigration, couteau à la main, auraient dessiné des croix gammées sur son ventre. Elle écopera de quatre mois de prison avec sursis pour le même délit de dénonciation imaginaire. Dix ans plus tard, en 2014, la militante féministe tunisienne, ex-Femen, Amina Sboui, alors âgée de 19 ans, affirme avoir été violée par cinq islamistes à Paris. Elle avouera son mensonge quelques semaines plus tard, dans les colonnes de Libération.

Fin 2015, à Aubervilliers, c’est un instituteur qui prétend avoir été attaqué au cutter, dans sa classe, par un homme encagoulé. Il aurait invoqué l’organisation Etat islamique (EI). Encore un mensonge. L’homme avoue et dit vouloir attirer l’attention sur les déplorables conditions de sécurité dans les écoles. En 2015 toujours, le professeur d’une école juive, Sylvain «Tsion» Saadoun, avance, lui, avoir été blessé au couteau par trois hommes se revendiquant de l’EI, faisant planer le spectre de l’agression antisémite. Il a finalement été condamné à six mois de prison avec sursis pour «dénonciation mensongère».


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