lundi 8 novembre 2021

ECO-ANXIÉTÉ : ANALYSE D’UNE ANGOISSE CONTEMPORAINE

 

EDDY FOUGIER  

 02/11/2021

La Conférence sur les changements climatiques (COP26), qui se déroule à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2021, se situe à mi-chemin dans le temps entre la parution en août dernier du premier volet du sixième Rapport d’évaluation du GIEC et les deux autres volets qui seront rendus publics au premier trimestre 2022. Dans un tel contexte, il est désormais beaucoup question d’éco-anxiété dans la presse. Celle-ci est même souvent considérée comme le nouveau « mal du siècle ». Mais qu’entend-on au juste par ce terme ? Est-ce la même chose que la solastalgie ou encore la collapsologie ? Peut-on parler d’une véritable maladie mentale à son propos ?

[...] Le psychiatre Antoine Pelissolo et l’interne en psychiatrie Célie Massini rappellent pourtant dans leur ouvrage Les Émotions du dérèglement climatique qu’à ce jour, « il ne s’agit ni d’un syndrome, ni d’un diagnostic psychiatrique dans la mesure où il ne figure ni dans le DSM-5 ni dans le CIM-10, les deux outils de classification des troubles mentaux utilisés dans le monde9 ».

[...] Des psychologues ou des psychothérapeutes tendent également à se spécialiser sur les questions d’éco-anxiété ou de solastalgie10. Aux États-Unis, la Climate Psychology Alliance(CPA) a été créée au tournant des années 2010-2020. Elle est à l’origine de la psychologie liée au climat (Climate Psychology). C’est également le cas en France de psychothérapeutes, tels que Charline Schmerber, spécialisée dans l’éco-anxiété, la solastalgie, ou ce qu’elle appelle la « collapsalgie / effondralgie », ou Pierre-Éric Sutter, psychologue du travail, psychothérapeute, qui intervient aussi sur ces sujets. Au passage, ce dernier est aussi co-fondateur de l’Observatoire des vécus du collapse-Obveco.

[...] On doit néanmoins noter à ce propos que, pour de nombreux chercheurs, l’éco-anxiété n’est pas une maladie mentale ou une pathologie. Ainsi, les chercheurs australiens et néo-zélandais mentionnés plus haut affirment qu’à l’instar de nombreux autres chercheurs, « [ils mettent] en garde contre la pathologisation des réponses psychologiques et émotionnelles à la crise environnementale, car cela suppose que ces réponses sont inadaptées, inutiles ou disproportionnées par rapport à la menace posée ».

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