mardi 16 novembre 2021

Désabusage: petit traité des décapités entendant garder la tête haute


« C’est ça la réalité dans nos hôpitaux » éructait le Ministre de la santé il y a tout juste un an. Mais c’est quoi la réalité quand on déréalise ? C’est quoi la politique quand on dépolitise ? C’est quoi le mérite quand on traumatise ? C’est quoi faire respecter la loi quand soi-même on peut s’en affranchir sans encombre ? C'est quoi abuser, désabusés, le désabusage ?

Le temps présent couronne les abus. L’hôpital public et la psychiatrie en sont de bons exemples. Il suffit d’écouter les interventions du ministre de la Santé qui tout en se réclament de « la réalité dans nos hôpitaux » s’empresse d’en reconstruire une autre plus communicable .

Tandis que de nombreux articles de pressetoute tendance politique confondue, mettent en lumière la fuite des professionnels, les fermetures de lits et l’état de catastrophe sanitaire liée à l’orthodoxie néolibérale, rien n’y fait. La machine s’emballe et « en marche ». Oui, cent balles et un mars.

Répondant aux sénateurs lors de l’examen de la loi de financement de la sécurité sociale 2022, Olivier Véran se félicite que le privé lucratif soit gagnant des réformes en cours dont la réforme du financement de la psychiatrie et de la pédo-psychiatrie mettant en place une tarification de l’activité. La même qui de l’avis général a détruit la possibilité même de soins adaptés, notamment aux personnes ayant les pathologies les plus graves et les situations sociales les plus précaires. Désabusés, les hospitaliers partent, toutes professions confondues.

Désabusé, mot étrange. 

D’après l’Académie Française, « il s'emploie comme nom pour désigner celui, celle qui a perdu ses illusions. » Celles et ceux qui ne seraient plus abusés donc. Or les abus se perpétuent sur les désabusés. Que l’on parte de l’hôpital public ou que l’on y reste. Que l’on y travaille ou que l’on s’y soigne. Les premiers concernés par les abus sont bien les usagers de l’hôpital public, les patients. Celles et ceux qui sont de plus en plus usés par cette déliquescence programmée, voulue, désirée politiquement. 

Les soignants - tout le monde est au courant - sont usés par les restrictions budgétaires, la bureaucratie, l’inflation de la demande de soin et la diminution de l’offre… Mais les patients ? Ca ne manifeste pas beaucoup. Si ça se manifeste c’est juste dans les rouages bien huilés de la démocratie sanitaire falsifiée avec des représentants d’usagers, trop souvent complices.

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