mardi 19 octobre 2021

De l'extraordinaire diversité de la vie

 par   Brigitte Perucca   18.10.2021

On les compte par millions... sur terre, dans les océans ou les sols, visibles ou invisibles, la diversité des espèces est en constante évolution comme l'explique le biologiste Éric Karsenti, médaille d'or du CNRS en 2015, à l'occasion du lancement de l'Année de la biologie.

Comment décrit-on aujourd’hui la diversité du vivant ? Cette notion est-elle en train d’évoluer ?

Éric Karsenti1Les définitions sont importantes, car je crois que beaucoup d’entre nous ignorent ce que « diversité » veut dire. La première des diversités, c’est celle qui distingue les organismes entre eux : les virus, les bactéries, les protistes, les vertébrés, les invertébrés, les plantes, etc. Ces catégories regroupent chacune des espèces. Chaque espèce, même s’il est curieux d’utiliser le terme d’espèce pour un virus, peut – comme nous l’avons vu avec le Covid 19 – produire des variants.

Prenons le cas de la diversité humaine. L’histoire humaine est une histoire de migrants. Elle est le fruit d’un mélange. Sapiens est apparu en Afrique à la suite de migrations successives de ses prédécesseurs. Il doit son existence à des échanges génomiques entre groupes qui se sont diversifiés en circulant d’un site à l’autre sur de longues périodes de temps, entre 300 000 et 70 000 av. J.-C. Hors d’Afrique, des mélanges se sont également opérés et nous avons hérité de 2 % de l’ADN de Néandertal. Ces échanges et ces mélanges ne doivent pas nous faire perdre de vue que nous parlons de différences presque marginales : notre génome est identique à 98,8 % à celui des chimpanzés.

Représentation 3D de 29 populations humaines, modernes et éteintes, étudiées pour modéliser le crâne du dernier ancêtre commun possible aux membres de notre espèce "Homo sapiens". 

Vous évoquez les espèces. Combien en a-t-on identifié à ce jour ? 


E. K. Le nombre d’espèces connues s’établit à environ 7,2 millions, parmi lesquelles on recense 6,7 millions d’invertébrés, 80 500 vertébrés et 390 800 plantes. À cela, nous devons ajouter les micro-organismes qui forment la vie invisible de notre planète : il existe plus de 6 millions d’espèces de bactéries, qui s’apparentent plutôt à des catégories génomiques. Dans les océans, nous avons également identifié 150 000 genres de protistes, ce qui veut dire que les mers abritent probablement plus d’un million d’espèces de protistes. En effet, un genre (genus) regroupe plusieurs espèces assez proches. Enfin, toujours dans les océans, environ 500 000 virus ont été répertoriés.



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