lundi 27 septembre 2021

« On fêtera mes 80 ans et les 28 de mon petit-fils » : à deux c’est mieux

Publié le 26 septembre 2021

CHRONIQUE

Célébrer l’anniversaire d’un parent et de son enfant déjà grand, c’est la nouvelle tendance de cette rentrée. Un cumul de fiestas censé rattraper le temps perdu.

Parce qu’il faut bien écluser tout ce qu’on avait à célébrer, mais que les dates disponibles se font rares, la levée des restrictions sanitaires s’accompagne depuis l’été d’une floraison de fêtes « deux en une ». Les invitations précisent qu’on fêtera « les 50 ans du père et les 18 ans du fils », les 90 ans cumulés de la mère et sa fille. A l’origine, généralement, la génération qui a du mal à vieillir, parfois gênée d’un gros chiffre à zéro, croit ainsi mutualiser les années, avec l’approbation de la plus jeune génération, partante car elle n’a rien contre la mutualisation des frais.

A quoi on les reconnaît

La génération la plus âgée dit : « Tu peux venir avec tes enfants » quand elle invite ; la jeune génération dit moins souvent : « Tu peux venir avec tes parents. » Les jeunes prennent des tentes, les vieux des Airbnb. Les plus âgés se sentent légitimes quand les plus jeunes passent des morceaux des années 1980. Ils ont liké sur les réseaux sociaux la photo « vos grands-mères ont porté des minijupes et fumé de la weed »et sont persuadés que leur génération a inventé les codes de la jeunesse, même si la mort de Charlie Watts a remis les pendules à l’heure. Quand leurs enfants ne sont pas disponibles, ils se persuadent qu’ils les ont prévenus trop tard. Les plus jeunes savent qu’ils referont « un truc entre potes », les vieux ne referont pas une deuxième fête entre vieux. Si quelqu’un dit que « c’est vraiment sympa, l’intergénérationnel », il fait généralement partie des invités de la génération la plus âgée.

Comment ils parlent

« On fêtera mes 80 ans et les 28 de mon petit-fils. » « A quelle heure tu t’es couché ? » « Ça fait un an et demi qu’on ne s’était pas vus, toute la famille était là. » « Il avait les cheveux de cette couleur-là, ton fils, la dernière fois ? » « Ça évite le buffet de chez Lidl. » « Ils ne m’ont pas l’air de fumer que du tabac. » « J’ai oublié de te dire, Léo est maintenant Léa. » « Vous nous laissez les chambres au rez-de-chaussée. » « Y avait des bons trucs à manger le lendemain matin qu’y aurait pas eu si y avait pas eu aussi l’anniversaire de sa mère. » « Si t’en fais un concept, ça pourrit la réalité du truc. » « Ma pote a dansé avec sa mère. Dit comme ça, ça semble bizarre, mais c’était très bien. » « Si on ne l’avait pas organisé ensemble, j’aurais pas eu l’énergie. » « J’avais pas fait d’anniversaire avec des parents depuis le CE2. » « Je sais pourquoi je ne fêtais plus mon anniversaire en famille depuis mes 15 ans. » « C’est des trucs qu’on n’a pas vécu avec nos parents. » « J’avais apporté ma guitare. Un jeune me l’a empruntée, j’étais super-content ! » 

Leurs grandes vérités

C’est pas parce qu’on fume des pétards de temps en temps qu’il faut le faire avec ses enfants. Les générations se mélangent davantage aujourd’hui. Avec tout ce qu’on n’a pas eu le temps de fêter pendant les confinements, si on ne groupe pas les festivités on en a jusqu’en 2025. Il faut remettre de la verticalité dans la société.

Leurs questions existentielles

Jusqu’où peut-on mélanger les occasions à fêter ? Un pot de départ de boulot et un baptême, ça passerait ?

Leur Graal

Les vieux s’occupent du traiteur, les jeunes de la musique.

La faute de goût

L’inverse.


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