mardi 8 juin 2021

Trois livres pour passer au mieux le cap du post-partum

Par   Publié le 30 mai 2021

Sans aller jusqu’à envisager de « rendre le bébé », comme l’héroïne de la BD « La Remplaçante », chaque femme qui vient d’accoucher traverse une période physiquement et émotionnellement compliquée. Et sur laquelle on ne lui a rien dit.

> En toute sororité

« Ceci est notre post-partum », d’Illana Weizman.

Qu’est-ce que le post-partum ? D’un côté, l’image d’Epinal de la vie d’une femme qui débute après son accouchement ; de l’autre, le tabou sur la réalité de la maternité, berceau de changements physiques et émotionnels majeurs.

La sociologue franco-israélienne Illana Weizman avait « pris grand soin de taire les souffrances vécues, d’encaisser, de sauver les apparences et de tenir le rôle assigné de la mère qui sait gérer ». Et puis, « un séisme intérieur » – une publicité pour des produits de soins postaccouchement censurée sur la chaîne ABC lors des Oscars en 2020 – a incité la cocréatrice du hashtag #monpostpartum à s’exprimer dans la presse et sur les réseaux sociaux, libérant à sa suite la parole des femmes : corps en souffrance, symptômes physiques et psychologiques passés sous silence, absence d’accompagnement… Dans un ouvrage engagé, la doctorante en sociologie dresse un état des lieux du post-partum et suggère des pistes politiques pour un meilleur vécu.

« Ceci est notre post-partum », d’Illana Weizman (Marabout, 2021, 224 p.

> Guide éclairée

« La Vie rêvée du post-partum », d’Anna Roy.

L’envers du décor du post-partum, qui peut durer de quelques mois à quelques années, n’a rien de paradisiaque. La sage-femme Anna Roy n’est là ni pour édulcorer son propos, ni pour dramatiser ce qui n’a pas lieu de l’être. Pas à pas, la créatrice du podcast « Sage-meuf » dit « tout du spectacle, mais aussi des coulisses » de ce corps qui vient de donner la vie : exit l’instinct maternel – « Une bonne fois pour toutes, l’instinct maternel n’existe pas ! » – , place à l’expulsion du placenta, aux contractions persistantes, et autres lochies, épisiotomie, retour de couches, hémorroïdes, miction, allaitement… Ce guide d’une professionnelle, bienveillant, ponctué d’entretiens de spécialistes, fourmille de conseils et d’astuces pour « prendre soin de son corps et donc de sa tête ». Vos pieds ont grandi ? « C’est à cause de la relaxine, une hormone secrétée pendant la grossesse qui a pour effet de distendre les ligaments. Donc le bassin s’élargit… et les pieds s’étirent. » Et, comme le post-partum, cet insolite phénomène se dissipera.

« La Vie rêvée du post-partum », d’Anna Roy, avec la collaboration de Caroline Michel (Larousse, 2021, 224 p.

> Bulles d’émotions

« La Remplaçante », de Sophie Adriansen et Mathou.

Devenir mère est un parcours semé d’embûches, un cheminement dont Marketa, l’héroïne de cette bande dessinée, ignorait tout, à commencer par les contractions douloureuses, l’épisiotomie, l’allaitement de Zoé, ce bébé dont elle ne sait que faire, au centre de toutes les attentions. La jeune mère se sent incapable d’endosser ce nouveau rôle. L’idée de « rendre le bébé » ou d’embaucher une remplaçante lui traverse l’esprit, elle qui n’arrive à rien. Déboussolée, doutant de ses capacités à devenir une mère aimante, Marketa est épuisée et a le moral en berne dans un corps qui lui est devenu étranger. Jour après jour, au gré des bulles d’émotions de cette BD à quatre mains, elle dépasse ses appréhensions. « Pour la maternité, il n’existe pas de diplôme. Chacune fait de son mieux. J’ai fait de mon mieux », conclut Marketa. Touchant de vérité et déculpabilisant.

« La Remplaçante », de Sophie Adriansen, illustré par Mathou (Ed. First, 2021, collection « La vie en bulles »






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