mercredi 16 juin 2021

Dépression, scarification, tentative de suicide... La jeunesse face à l'impression de "ne plus servir à rien"

Publié le 16/06/2021

Confinements, écoles et universités fermées, cours en visio, incertitudes quant à la valeur du diplôme... Les adolescents et étudiants ont vécu une année difficile. Quelques mois après le pic de la crise du Covid-19, le mal-être demeure. Illustration en Bourgogne.

En janvier 2021, 80% des étudiants disaient avoir peur de rencontrer des difficultés pour mener à bien leurs études.

En janvier 2021, 80% des étudiants disaient avoir peur de rencontrer des difficultés pour mener à bien leurs études. • © maxPPP

Rien ne prédisposait Marie, étudiante de 21 ans en première année de master, à tomber en dépression. Bonne élève, avec une situation financière plutôt stable et le soutien de sa famille, elle avait bien vécu le confinement de mars 2020. Pourtant, suite au reconfinement d'octobre 2020, c'est tout son monde qui s'écroule progressivement.

La jeune femme pense alors rentrer une semaine chez ses parents en Saône-et-Loire, pour les congés universitaires d'automne. "Le reconfinement m'a beaucoup angoissée. J'ai été coupée de mes amis, mon copain... Les cours et les projets à la fac qui me motivaient ont été mis en pause. Tout s'est arrêté d'un coup." De peur de s'ennuyer, elle se plonge dans le travail. Cela devient également un moyen pour ne pas affronter son mal-être.

J'avais l'impression de ne servir à rien. C'est là que les pensées suicidaires sont arrivées.

Marie, étudiante

"J'ai pris un job étudiant dans la grande surface où je travaillais l'été", raconte-t-elle. "A côté de ça j'avais mon poste de correspondante de presse pour un journal local et le travail pour la fac."

Le cumul de deux jobs étudiants et de cours parfois mal organisés devient vite chaotique. Le rythme est trop soutenu. Marie ne renouvelle pas son contrat au supermarché. Elle perd progressivement tout intérêt pour ses études. "Malgré tout ce que j'ai pu faire à ce moment, j'avais l'impression de ne servir à rien. C'est là que les pensées suicidaires sont arrivées."

La jeune femme tente alors de consulter un psychologue, mais elle ne parvient pas à obtenir suffisamment de rendez-vous. Très rapidement, son état se dégrade. Elle consulte une psychiatre aux urgences de Mâcon le 4 décembre. Celle-ci lui conseille une hospitalisation, ce que la jeune femme accepte. Elle est alors emmenée au Centre Hospitalier La Chartreuse à Dijon (CHLC).

"Au début, j'avais beaucoup d'idées préconçues sur les hôpitaux psychiatriques", avoue-t-elle. "Ça a été un grand soulagement de pouvoir tout couper, même si l'hospitalisation était loin d'être parfaite." Ses journées au service psychiatrie se résument à attendre la prise de médicaments et les repas.

"Heureusement que je recevais souvent des visites, car je n'avais rien d'autre à faire. Les patients et les soignants sont vraiment impactés par le manque de moyens."  

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